Danièle Panneton
Dans les années 80, avec l’équipe des Bleus, j’ai eu le grand privilège de vivre, pendant plus de cinq ans, le premier « Âge d’or » de la LNI : saisons régulières diffusées à Télé-Québec, tournées à travers le Québec et en France, Suisse et Belgique, Mundials mémorables sous le signe de matchs enlevés et de rencontres inoubliables.
On me demande ce qu’est La LNI pour moi? D’abord, une école de jeu !
Improviser c’est écrire, mettre en scène et interpréter des personnages tous azimuts avec un « Grand Oui » rivé aux flancs, pour que l’impro naisse et se déploie. C’est aussi affronter des partenaires- mot que je préfère à adversaires- pour que le « jeu », de bonne guerre, ait lieu, laissant au vote du public le choix du vainqueur.
Improviser c’est être « ploguée sur le 220 », avoir un trac fou, vivre à plein des montagnes russes, atteindre des sommets de plaisir et de satisfaction mais aussi dégringoler au plus bas, vouloir disparaître sous « la glace » après avoir reçu quelques bonnes claques derrière la tête.
Puis se relever et continuer.
Alors, oui, pour moi, la LNI c’est aussi une école de vie !
Avec des moments-phares tatoués dans la mémoire et, surtout, des gens admirés et aimés.
Nos « disparus » d’abord : notre cher Robert Gravel, capitaines des Bleus, co-créateur, avec l’indéfectible Yvon Leduc, de ce jeu génial et improvisateur hors normes; notre coach Larry-Michel Demers, passionné, exigeant et complice; André Melançon, grand ours allumé et bienveillant; Pierre Matineau, maître de cérémonie et voix d’or de « La feuille d’érable », notre hymne national le plus solennel et absurde qui soit !
Puis ceux qui sont toujours parmi nous : les Normand Brathwaite et Gaston Lepage qui m’ont poussée à faire la LNI à grands coups de « T’es capable ! »; Claude Laroche qui, par ses conseils avisés, m’a réappris à patiner sur la glace, écrasée que j’étais sous le poids du trophée Pierre-Curzi de la meilleure recrue et persuadée que je ne serais plus jamais à la hauteur; la grande Sylvie Legault que rien ni personne n’arrêtait; Michel Rivard qui m’a élégamment- j’en suis persuadée- laissé gagner ma toute première impro ( Improvisation mixte, un joueur par équipe. Titre : L’empreinte), me donnant la confiance nécessaire pour continuer; Robert Lepage, monologuiste fascinant en « Statue de la liberté »; Patrice Lécuyer, redoutable de talent; André Lacoste, notre organiste imaginatif et amusé; sans oublier Yvan Ponton, arbitre incorruptible et face à claques magnifique ! Et tant d’autres qui m’ont éblouie et inspirée. Qu’ils me pardonnent de ne pas tous les nommer !
La LNI ? Oui, une école de jeu et de vie ! Et aussi une mise en lumière inoubliable pour ma jeune carrière de comédienne, un terreau artistique inestimable composé de créateurs stimulants et de trésors d’êtres humains.
Un seul mot, trop petit pour tout ce qu’il contient : MERCI !
À tous les joueurs, entraîneurs, organisateurs et mécènes qui en assurent, encore aujourd’hui, la pérennité et la vitalité.
MERCI la LNI !