Je ne voulais pas faire parti de la LNI car si j’étais bien capable d’improviser je ne pouvais pas improviser dans ce monde là. Dans un Match d’Impro cela m’aurais tué. J’aurais fait perdre mon équipe à la première improvisation. Alors on m’a proposé d’être coach. J’ai refusé plusieurs fois, mais à chaque année Robert me reposait la question, jusqu’au moment où je me suis dit « Si tu vois un bel autobus qui s’en va à Québec et que tu veuilles aller à Québec, tu ne peux pas y aller en bicyclette ou à pied, il faut absolument monter dans l’autobus » et je suis donc monté dans le magnifique autobus de la LNI.
J’ai hérité d’une équipe extraordinaire qui m’a fait vivre des moments que je n’oublierai jamais. À cette époque je travaillais beaucoup, je fais de la télé du cinéma, du théâtre je ne dormais presque pas, je me mêlais dans mes papiers… Mais mes joueurs étaient magnifiques et toutes les victoires qu’on a eu, c’est grâce à eux.
Juste pour vous faire une idée à quel point le jeu était important, j’ai vu de très bon comédiens qui ont joué de grands rôles à la télévision et au cinéma se stresser, pleurer, se chicaner avec l’arbitre, etc. Non pas parce que ce sont des fous ou des petits enfants mais parce qu’ils sont passionnés de ce jeu. Ce sont des gens très sérieux qui adorent « La Game » comme Robert l’appelait.
Il y eu beaucoup de gens qui se sont offusqués parce qu’on disait de mots comme « crisse » à la télé. C’était un scandale, les gens de Radio Québec pensaient qu’on salissait la langue. Avant nous, personne n’avait pas osé faire ça. J’ai conseillé à Robert d’être patient et conciliant mais heureusement et malheureusement Robert n’a jamais été quelqu’un de souple ou de diplomate. Heureusement car il a su défendre l’intégrité du spectacle ce qui a permis au match de continuer à s’essaimer. Malheureusement car la LNI n’a jamais réussi à se remettre financièrement, les subventions étant accordés par les gens les plus conservateurs du pays.
Marcel Sabourin
Propos recueillis par Queka Sertzen Mathews
