Mireille Deyglun
Hommage à la LNI
Il y a des moments dans notre métier où on a l’impression d’assister à une création qui passera à l’histoire. Ce vendredi 21 octobre 1977, peu avant minuit, à la Maison Beaujeu, fût assurément l’un de ces moments.
Dédé Lacoste chauffait la salle comme au Forum et tout à coup la sirène assourdissante nous signalait le début du match…
Pierre Martineau, Maître de Cérémonie impeccable, prenait place et nous présentait l’arbitre en chef, Yvan Ponton, qui a immortalisé et donné ses lettres de noblesse à ce rôle indispensable, car il fallait bien de la discipline et un sens du théâtre pour donner certaines balises à cette joute totalement improvisée!
Entouré de ses complices, Pierre Lavoie et Yvon Leduc, le show pouvait commencer!
Martineau appelait solennellement les deux coach Rouge et Bleu derrière le banc ainsi que les 12 joueurs sur la patinoire pour entonner l’Hymne National de la LNI.
C’était extraordinaire, l’atmosphère était électrique, on ne savait pas à quoi s’attendre!…
Dès les premières minutes de jeu, la magie a opéré, j’étais époustouflée par mes camarades qui se jetaient littéralement dans la fosse aux lions!
La LNI était une expérience théâtrale qui ne devait durer que 3 matches, mais devant le succès instantané et la rumeur grandissante, Robert Gravel, Yvon Leduc et leur garde rapprochée ont décidé de poursuivre l’aventure.
J’ai eu la chance et le privilège de vivre au sein de la LNI pendant 7 ans, pas comme joueuse, je n’en aurais jamais eu le courage! Je faisais partie du staff!
Toutes ces rencontres estivales avec Anne-Marie Laprade, la compagne de Robert ; nous étions les deux seules femmes de l’équipe, nous nous creusions tous la tête pour écrire de nouveaux thèmes, introduire de nouveaux défis: Thème chanté, en vers, à la manière de…etc… Des moments de fou rire et de grande complicité!
Avril 1981, première tournée de la LNI en France. Première ville: Bordeaux. Premier soir 40 personnes, 2ième soir 120 personnes, 3ième soir 300 personnes, 4ième soir 500 personnes et le 5ième soir on refusait des gens à la porte! On peut dire que le bouche à oreille a fonctionné et fût immédiat.
Moment historique: À Poitiers le 10 mai 1981, nous avons vécu l’élection de François Mitterrand, Président socialiste de la République Française, nous avions l’impression de revivre l’effervescence, l’enthousiasme et l’espoir des Québécois à l’élection de René Lévesque en 76! Après le match l’aubergiste avait offert le vin à tous ses clients!
Deux mois de tournée exceptionnelle ; nous allions de ville en ville dans notre grand bus avec notre chauffeur qu’on surnommait « la rouille »!!!
Le public était toujours au rendez-vous et en redemandait, c’était l’euphorie générale!
Je garde de ces années des souvenirs impérissables d’êtres humains hors du commun, généreux, à l’écoute et doués d’une créativité sans cesse renouvelée. Je revois ma mère, Janine Sutto, endossant le costume de coach, rôle si éloigné de tout ce qu’elle avait connu auparavant, mais y allant avec passion et conviction! Et la tête de Robert Gravel, qui semblait souvent médusé par les instructions de sa coach, au cours du caucus de 20 secondes.
Bon 40ième si chère LNI avec tout mon amour et toute mon admiration.
Je vous salue bien bas.
Mireille Deyglun