Pierre-Jean Cuillerrier
Wells, Maine. Été 76
Cris enjoués des enfants sur la plage, en cette belle fin d’après-midi d’été.
Quelques promeneurs.
Bribes de conversations en américain, en québécois.
On nous contourne pour éviter d’entrer dans le triangle…
Robert, Raymond Plante et moi, sommes disposés en triangle pour se lancer une balle de base-ball. Gestes agréables, lancer, recevoir. Bruit mat de la balle au creux de la « mitt », du gant de cuir. Moment zen.
Robert aimait bien ce rituel. Lancer, recevoir, relancer.
Et marcher longuement sur la plage. C’est ainsi que je sus le projet fou d’une expérimentation théâtrale d’improvisation ayant pour cadre une patinoire…
La déclinaison des règles d’un JEU, ses contraintes et restrictions mais, surtout, les possibles à créer. La plage disparut. J’arpentais l’imaginaire.
Un soir de l’automne 77, vers minuit, je reçus un appel me demandant si je voulais « coacher » pour deux soirs une équipe d’improvisateurs! La marée remontait. J’accédais à l’imaginaire.
Et des années durant, j’ai vécu ce jeu sur une infinie patinoire de glace vive. Elle recouvrait toute la plage.
Les plages et les patinoires aident à vivre.
Merci, Robert.
Pierre-Jean Cuillerrier