La LNI a 40 ans! Ça coïncide quasiment avec ma sortie du conservatoire puisque j’ai 41 ans de pratique cette année!!!! Je n’étais pas là dans les premières années de la LNI pourtant, mais je suis arrivée l’année où il y a eu une équipe de Québec et où il y avait des rencontres Montréal /Québec. Je ne suis pas très bonne pour les statistiques mais disons que ce fut une époque où la LNI prenait une place énorme dans la vie des ses participants. Je me souviens de ces soirées où on se crachait le coeur pour sauver nos partisans de la défaite. En fait, on se crache toujours le coeur quand on fait partie de ce jeu là. On peut pas y aller passivement comme on dit. Il y a sa propre réputation qui est en jeu, il y a l’équipe qui mérite qu’on performe pour gagner, il y a le public qui est là pour voir un bon show. Une grosse pression quoi!
J’ai toujours eu une peur bleue de jouer et d’improviser. J’ai toujours pensé que ça tenait du miracle et j’avais une telle admiration pour les bons joueurs et joueuses. Improviser, c’est juste, faire appel à ce que tu ignores de toi. Chaque soirée était pour moi, une révélation de ce que j’étais. Y a ben des soirs où je ressortais la tête basse, pas fière du tout et parfois, c’était le contraire, j’étais toute étonnée de ce que j’avais pu donner. Comme quoi, l’humilité était quand même nécessaire pour vivre sereinement cette aventure.
Je me souviens d’une rencontre où il y avait Robert Gravel dans l’équipe adverse. La soirée se déroulait au Grand Théâtre à Québec. C’était une de ces soirées où ça levait pas plus que ça. Tu sais, le genre de soirée avec les points qui se suivent d’une équipe à l’autre, parce que le public veut égaliser, y a ben de la punition, et pas beaucoup de grands coups d’impro. Notre équipe finit la première manche avec une punition probablement méritée. Je suis capitaine de l’équipe et Robert vient me parler à l’entr’acte. Il m’incite délicatement à défendre la punition qu’on a eue et me suggère d’y aller pour la peine.!!!! Je comprends que Robert veut qu’il y ait un peu de piquant pour relever tout ça. Au retour au jeu, je saute sur la patinoire et je fais appel à tout ce que j’avais en moi de délinquant et de pas gentil!!! Je frappe sur la bande de la patinoire à grands coups de pieds, en criant l’injustice et en abimant de bêtises Monsieur Ponton qui je crois était l’arbitre à ce moment là. Y a eu comme une grande surprise autant de la part de mon équipe que de l’autre. Le public était complètement ahuri! Puis, ça s’est mis à chahuter de partout. Tout l’monde a embarqué dans cette folie et ça a grimpé comme on le souhaitait. Un beau moment quoi!!! Avant de regagner ma place, après l’explication de Ponton qui devait nous ramener à l’ordre, j’ai lancé un petit regard furtif et subtil du côté de Robert qui ne m’a jamais renvoyé la pareille. Il a continué à réagir comme si de rien était. Moi qui ai toujours respecté les règles et surtout Ponton, je venais de surprendre ma famille dans les estrades qui n’en revenait pas de m’avoir vu dans cet état là et mon équipe aussi était sur le cul pour ainsi dire.
C’est ça la LNI, on doit servir la cause du mieux qu’on peut avec les moyens qu’on a. Ce soir là, j’avais appris quelque chose face au jeu et j’avais aussi compris que le plus important, ce n’était pas de faire une bonne impression et une belle image mais de donner tout c’qu’on a à tous les moments. Oui, j’ai beaucoup appris par l’improvisation. Je suis persuadée que cette discipline m’a permise d’aller plus loin, de sortir de mon confort, de me mettre au défi, d’apprécier les personnes avec qui je jouais et que la vraie équipe c’était l’ensemble du spectacle et que le public en faisait partie aussi.
Merci à Robert, Merci à Yvon, et merci à tous ces gens qui ont contribué à faire de ce «sport», une occasion extraordinaire d’exploiter une facette de notre métier, aussi riche qu’unique! Longue vie à la LNI!!!!
Pierrette Robitaille