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Excès de chauvinisme du dimanche: re-regard sur les Oscars 2013

En marge des discussions sur l’identité québécoise provoquées par le projet de loi 14, il y a le rapport spécial entretenu avec la culture québécoise. On l’a mentionné sur ce blogue: le français au Québec est d’abord mis sous pression du fait de l’internationalisation de la société québécoise –  un phénomène qui se manifeste par l’importance accrue de l’anglais.

 

En contrepartie, la culture québécoise n’a jamais été aussi peu endiguée par nos frontières. L’exemple populiste le plus remâché est le nombre de films québécois en nominations aux Academy Awards ™ ces dernières années. On l’a déjà mentionné ici aussi: l’imaginaire collectif aime les nombres. Et bien, dans les trois dernières années, pas moins de 4 cinéastes québécois ont été nominés à la prestigieuse cérémonie.

 

On a fait grand cas de Yan England, nominé dans la catégorie du meilleur court. Il a perdu, la précieuse statuette est allé à Shawn Christensen pour le film Curfew.

Bande annonce du film Curfew

Entendons-nous, Curfew, un film réalisé à New York par un gars de New York, n’a a priori aucun lien avec la culture québécoise.

 

Or, quand j’ai vu le film, j’ai été surpris d’entendre une chanson d’Avec pas d’casque dans une scène.

 

Dans la scène, le personnage principal attend sa nièce partie aux toilettes, dans un bar à New York. Et c’est la chanson « Si on change les équipes, ce n’est plus une revanch » qui joue dans le bar.

Si on change les équipes ce n\’est plus une revanch

Sans prétendre suivre assidument l’actualité culturelle québécoise, j’aurais cru que ce genre de détail aurait été souligné. Après vérification, on en avait parlé mais très peu (à peu près 2-3 tweets, et un communiqué du label d’Avec pas d’Casque). Pourtant, c’est là un signe probant de l’internationalisation de la culture québécoise: qu’un cinéaste de New York tournant un film à New York puisse « choisir » une musique du Québec comme trame de fond dans un bar à New York.

 

Dans une entrevue avec Indiewire, questionné sur la musique du film décrite par le magasine comme « vraiment engageante », Christensen a expliqué que le processus de sélection des chanson avait été assez exhaustif, que sa directrice musicale et lui cherchaient des chansons fresh, cool and affordable.

 

La culture du Québec: fresh, cool and affordable. Ça fait sourire.

 

En supposant que la rencontre entre le cinéaste américain et le groupe Avec pas d’casque soit le fruit du hasard,  gageons que ce genre de hasard se reproduise de plus en plus souvent.

 

Ironiquement, dans une autre entrevue, le cinéaste américain se fait lui-même critique de l’internationalisation des Academy Awards ™ en soulignant être le seul nominé américain dans sa catégorie.