En surfant sur le net, j'ai découvert l'anti-palmarès établi par l'Associated Press:
CANNES (AP) – Parallèlement aux récompenses officielles de dimanche soir au 59e Festival de Cannes, voici "l'anti-palmarès" insolite et subjectif du service français de l'Associated Press, distinguant la totalité des 20 films en compétition:
– Prix de l'espoir en un avenir meilleur: dans la dernière scène des LUMIERES DU FAUBOURG, la vendeuse de hot-dogs met sa main dans celle du veilleur de nuit, abandonné de tous.
– Prix de l'avenir sans espoir: la réflexion désenchantée de la jeune Chinoise de PALAIS D'ETE, qui écrit dans son journal intime: "Plus sordide est ma vie, plus s'ouvrent les horizons".
– Prix de l'avenir incertain: "C'est ainsi que finit le monde", prévient-on au début de SOUTHLAND TALES, qui affirme aussi qu'"il paraît que le futur sera plus futuriste que prévu".
– Prix Big Brother de l'avenir déjà présent: les caméras de surveillance des rues de Glasgow à qui rien n'échappe, dans RED ROAD.
– Prix du film à conseiller à votre pire ennemi: EN AVANT, JEUNESSE!, avec ses 2h34 de longs plans fixes, dialogues sans action, éclairage sombre, mise en scène minimaliste.
– Prix de la vie difficile dans le Nord: FLANDRES, c'est triste et misérabiliste mais ça se finit sur une note optimiste.
– Prix de la vie difficile dans Nord (ex-aequo): LA RAISON DU PLUS FAIBLE, c'est gai et sympathique mais ça se finit sur une note pessimiste.
– Prix de la plus belle preuve d'amour entre frère et soeur: à la fin du LABYRINTHE DE PAN, la petite fille renonce à devenir princesse et préfère sauver son petit frère qui vient de naître.
– Prix du plus cruel dilemme entre frères: dans LE VENT SE LEVE, un commandant de l'armée nord-irlandaise doit prendre la décision de faire exécuter son frère, ancien compagnon d'armes resté dans la lutte armée.
– Prix des plus belles larmes: au tout début des CLIMATS, dans un long plan-séquence, le visage en gros plan de l'actrice Ebru Ceylan passe lentement du sourire aux larmes qui coulent doucement sur ses joues. Mention spéciale: les larmes discrètes de Gérard Depardieu et Cécile de France dans la scène d'adieu vers la fin de QUAND J'ETAIS CHANTEUR.
– Prix de la plus belle scène de déception amoureuse: dans LE CAIMAN, Silvio Orlando, qui ne supporte pas la séparation avec sa femme, rentre chez eux et lacère en pleurant, à coups de ciseaux, un de ses pulls préférés, bleu clair, qu'il lui avait offert.
– Prix de la plus belle scène de soutien aux handicapés: dans BABEL, une adolescente japonaise sourde arrive en boîte de nuit avec ses amis et le spectateur s'apprête à entendre le tube disco "September" d'Earth, Wind and Fire quand soudain le son s'arrête, l'image se plaçant du point de vue de la jeune fille, puis le son revient et l'on se retrouve dans la peau des autres copains, puis le son s'arrête à nouveau et l'on revient dans la situation de la jeune fille, puis le son revient, etc. -et malgré ce handicap, la jeune sourde sourit et danse et est heureuse d'être là.
– Prix de la dignité humaine et de l'histoire vraie: dans INDIGENES, un capitaine veut appeler les combattants nord-africains de l'armée française "les indigènes" ou "les musulmans", mais un sergent pied-noir, proche de ses troupes, le lui déconseille. Comment les appeler, alors? Réponse du sergent: "Les hommes, mon capitaine. Les hommes". Mention spéciale à BUENOS AIRES, 1977, ou comment rester un homme quand la torture veut imposer de trahir les siens.
– Prix du film qui vous ouvre l'appétit: MARIE-ANTOINETTE et ses innombrables macarons et pâtisseries (mais la reine dément avoir jamais dit "Qu'ils mangent de la brioche!")
– Prix du film qui vous coupe l'appétit: FAST FOOD NATION et ses hamburgers douteux ("Il y a toujours eu de la merde dans la viande", affirme Bruce Willis).
– Prix Quand-Je-Serai-Grand-Je-Ferai-Du-Cinéma: les décolletés, les robes moulantes, les talons hauts, les yeux, le sourire de Penélope Cruz dans "VOLVER". Mention spéciale aux créatures de rêve qui passent dans L'AMI DE LA FAMILLE, notamment la blonde et la black prenant un bain moussant dans la baignoire géante d'un fabricant de salles de bain.
– Prix La-Vie-Continue: à la fin de CHARLIE, le petit garçon joue sur la plage avec son boomerang, qui revient toujours et qu'il relance, ni tout à fait différemment, ni tout à fait pareillement. AP