J'adore les surprises et grâce au jury présidé par Wong Kar-wai, j'ai été royalement servie. Comme bon nombre de critiques, je voyais déjà la Palme d'or entre les mains d'Alejandro Gonzalez Inarritu (Babel) ou de Pedro Almodovar (Volver). et pourtant, c'est Ken Loach qui les a coiffés au poteau avec son puissant et dur drame de guerre, The Wind that Shakes the Barley.
Il semble que la guerre ait particulièrement touché les membres du jury puisqu'ils ont remis leur Grand prix à Bruno Dumont qui illustre de façon crue la guerre et ses dommages collatéraux dans Flandres. Le jury a également salué Indigènes de Rachid Bouchareb en décernant le prix d'interprétation masculine à Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan, qui y incarnent des soldats maghrébins venus libérer la France lors de la Seconde Guerre mondiale.
Le jury s'est aussi montré très généreux en couronnant les six fabuleuses actrices du tendre et touchant Volver d'Almodovar, Penelope Cruz, pressentie par plusieurs pour le prix d'interprétation féminine, Carmen Maura, Lola Duenas, Blanca Portillo, Yohana Cobo et Chus Lampreave. Pour sa part, le coloré cinéaste espagnol n'est pas reparti bredouille puisqu'il a remporté le prix, fort mérité, du meilleur scénario.
Composé d'un volet mexicain émouvant et festif, d'un volet marocain haletant et révoltant et d'un volet japonais lyrique et sensuel, l'ambitieux Babel a permis à Alejandro Gonzalez Inarritu de rafler le prix de la mise en scène.
Le prix du jury a échoué à Andrea Arnold pour son premier long métrage, le renversant et douloureux drame psychologique Red Road. Enfin, Corneliu Porumboiu a vu son 12 h 08 à l'est de Bucarest, comédie dramatique se voulant une relecture de la révolution de 1989, désigné meilleur premier toutes sections confondues (Sélection officielle, Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs).
La 60e édition du Festival de Cannes se déroulera du 16 au 27 mai 2007. J'en rêve déjà. Pas vous?