Shooting Dogs |
On ne compte plus les films sur la Seconde Guerre mondiale ou la guerre du Vietnam et d'ici dix ans, au rythme où vont les choses, on ne comptera plus les films sur le génocide rwandais. Shake Hands With the Devil de Peter Raymont, Hotel Rwanda de Terry George, Un Dimanche à Kigali de Robert Favreau. Je sais, il y en a d'autres, je nomme seulement ceux que j'ai vus. N'oublions pas aussi celui que Roger Spottiswoode tourne en ce moment avec Roy Dupuis à Kigali.
Voici maintenant le tour de Michael Caton-Jones, oui, oui, celui qui a réalisé l'abominable Basic Instinct 2, de nous donner sa vision de cette terrible page d'histoire. Tourné au Rwanda, Shooting Dogs relate une histoire vécue, celle des 2500 Tutsis s'étant réfugiés dans une école où siégeaient des Casques bleus belges – je rappelle que c'est le colonisateur belge qui a créé cette haine entre Hutus et Tutsis. Évoluent autour d'eux un prêtre (John Hurt), un jeune prof (Hugh Dancy) et une journaliste aguerrie (Nicola Walker), qui dira l'une des répliques les plus dures de ce drame éprouvant: "Je n'arrive pas à pleurer; ce ne sont que des Africains morts." Une réplique coup de poing qui résume parfaitement l'état d'esprit de la communauté internationale ayant fermé les yeux sur ce génocide annoncé.
Parlant de la communauté internationale, je me demande pourquoi les films portant sur le génocide rwandais semblent davantage mettre l'accent sur l'homme blanc balançant soit sa bonté chrétienne soit son indifférence crasse à la gueule des Africains, plutôt que de donner la parole aux victimes et aux bourreaux de l'époque. Bref, à quand un film sur le Rwanda par les Rwandais?
Cela dit, Shooting Dogs vaut le détour. Caton-Jones a su traduire l'état d'urgence régnant au moment où le Rwanda plongeait dans l'horreur. Plusieurs scènes sont d'une violence et d'une cruauté inouïes et pourtant, la réalité devait être encore plus terrible. On serre les poings, on grince des dents, on a envie de pleurer et lorsqu'on nous montre à la fin les survivants ayant participé au tournage, c'est la gorge serrée par l'émotion que l'on quitte la salle sans avoir envie de parler à qui que ce soit.
Shooting Dogs sera projeté vendredi à 19 h et samedi à 16 h au Centre des Congrès. Préparez vos mouchoirs.