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Bonjour tristesse 1

 
Coeurs

Chers lecteurs, désolée de vous négliger ces temps-ci, mais la vie de festival n'est pas des plus reposantes – comme me l'écrivait un attaché de presse ce matin : « dormir est une option ». Voici un bref récapitulatif de mes deux derniers jours.

Vendredi dernier, deux films m'ont particulièrement émue, Coeurs d'Alain Resnais et Venus de Roger Michell. Pourquoi cette tristesse? Parce que j'ai eu l'impression de voir deux oeuvres testamentaires. Dans le premier cas, il s'agit de Coeurs de Resnais, film choral où l'on cherche vainement à combler sa solitude.

Nicole (Laura Morante) cherche un appartement même si le couple qu'elle forme avec Dan (Lambert Wilson), ex-militaire devenu pilier de bar, va à la dérive. Confident des tourments de Dan, le barman Lionel (Pierre Arditi) engage Charlotte (Sabine Azéma) célibataire pieuse pour prendre soin de son père malade (voix de Claude Rich). Le jour, Charlotte travaille avec l'agent mobilier Thierry (André Dussolier) qui en pince pour elle. Pour sa part, Gaëlle (Isabelle Carré), soeur de Thierry tente de trouver l'homme de sa vie grâce aux petites annonces.

Porté par de savoureuses et spirituelles répliques que défend un casting de rêve (comment ne pas craquer une fois de plus pour le tandem Arditi-Azéma?), Coeurs illustre avec finesse la solitude des êtres qui vieillissent en ayant l'impression d'avoir passé à côté de la vie. Dirigeant merveilleusement ses acteurs, Resnais signe une mise en scène fluide, épurée, un rien théâtrale où les rafales de neige servent à ponctuer le récit et à souligner la mélancolie émanant de ce qui pourrait bien être la dernière oeuvre du grand réalisateur.

(Je vous reviens plus tard pour vous parler de Peter O'Toole, admirable dans Venus.)