Babel, Alejandro González Iñárritu (États-Unis)
Tissé de récits se répondant brillamment les uns aux autres, Babel nous transporte au Maroc (Brad Pitt et Cate Blanchett), au Japon (Koji Yakusho et Rinko Kikuchi) et au Mexique (Gael Garcia Bernal et Adriana Barazza) où une balle perdue transformera le destin de tous ces êtres. Fruit de la collaboration entre l'excellent réalisateur mexicain et le génial scénariste Guillermo Arriaga (Amores Perros, 21 Grams et The Three Burials of Melquiades Estrada), ce film choral magnifique, lyrique et envoûtant démontre comment l'étroitesse d'esprit de l'homme peut être fatale.
Colossal Youth, Pedro Costa
2 h 34, c'est la durée de ce film dans lequel un ouvrier cap-verdien habitant un quartier pauvre de Lisbonne recueille les confidences des paumés du quartier dans une suite laborieuse de longs plans statiques pas toujours esthétiques. Bien que je reconnaisse une certaine part de poésie dans cet exercice pas si loin du documentaire, les protagonistes étant des habitants du quartier choisis par le réalisateur, je me suis demandé si certains cinéastes se plaisaient à torturer lentement les cinéphiles.
Flandres, Bruno Dumont
Grosse brute épaisse ne sachant avouer son amour à sa copine Barbe (fraîche Adelaïde Leroux), Demester (convaincant Samuel Boidin) s'engage avec ses copains dans l'armée. Alors que les gars sont à la guerre, la belle pète les plombs – ce à quoi je n'ai cru en aucun moment. Si la façon crue de Bruno Dumont de peindre la guerre et ses dommages collatéraux bouleverse, son portrait qu'il fait des campagnards, plus près des bêtes que des êtres humains, paraît condescendante. De plus, le réalisateur a si peu à raconter qu'il aurait dû se contenter de signer un moyen métrage. Bien décevant.
I don't want to sleep alone, Tsai Ming-liang
Un itinérant battu par des voyous est recueilli par un jeune homme. Rétabli, il se lie d'amitié avec une serveuse de café qui habite avec sa patronne. Pendant ce temps, une femme prend soin d'un homme dans le coma. Une plongée hypnotique dans l'univers des immigrants en Malaisie à l'aide de longs plans fixes et de dialogues minimalistes. Finale poétique aux accents surréalistes.
Les Lumières du faubourg, Aki Kaurismäki
Après avoir traité du chômage dans Au loin s'en vont les nuages et de l'itinérance dans L'Homme sans passé, Kaurismäki termine sa trilogie des perdants avec Les Lumières du faubourg, dont le titre n'est pas sans rappeler Chaplin. Bien que l'on retrouve avec plaisir l'humour incisif frisant l'absurde du réalisateur, sa mise en scène dépouillée mais précise et l'interprétation décalée à souhait des comédiens, Les Lumières du Faubourg se révèle moins abouti que L'Homme sans passé.