Un charmant lecteur, Denis C. pour ne pas le nommer, m'offre de me donner la fessée parce que je n'ai pas aimé les films de Pedro Costa et de Bruno Dumont. Ayant l'habitude de donner plutôt que de recevoir, je lui ai promis d'aller revoir ces films durant le FNC. Il y a de ces films qui méritent qu'on s'y attarde plus d'une fois. Qu'en pensez-vous ?
J’en pense que ce petit sacripant mériterait d’être privé de dessert 😉
Pour ma part, si je n’aime pas un film, c’est ferme et définitif. Il ne me viendrait pas à l’esprit de me le retaper pendant 1 h 30 pour m’assurer que je ne me suis pas trompée.
Bien sûr, dans votre cas, c’est différent. Vous êtes critique, vous vous devez d’être sûre de votre jugement, et vous pouvez souhaiter revoir un film en cas de doute. Mais je ne pense pas que le cinéphile « normal » soit maso au point de revoir un truc qu’il n’a pas aimé alors qu’il y a une montagne d’autres films à voir.
Moi je crois que si on n’aime pas un film mais qu’il fut du cru d’auteurs chevronnés comme Costa et Dumont, on doit leur donner le bénéfice du doute. Il faut parfois juste attendre quelque temps avant de l’apprécier à sa juste valeur. Selon moi, un cinéphile (dans un grand C) revoit chaque film au moins une fois!
Note à moi même, revoir « Le temps du loup » de Haneke.
Un cinéphile avec un grand C revoit peut-être chaque film QU’IL A AIMÉ une deuxième fois, mais pourquoi devrait-il s’emmerder à revoir toutes les oeuvres qui l’ont gonflé, pompé, foutu en rogne, lui ont donné envie de mordre, de vomir ou de dormir ?
Ce n’est pas parce qu’on aime particulìèrement un cinéaste qu’on doit l’encenser au point de se forcer à aimer ses films les plus ratés, non ?
J’ai adoré Sitcom, j’ai détesté 5×2. Dois-je me forcer à aimer 5×2 parce que c’est du Ozon ? Le cinéphile avec un grand C a tellement de films à voir absolument sur sa liste qu’il se grillerait s’il lui fallait voir chacun d’entre eux au moins 2 fois.
Vous avez tous deux raison! Je m’explique…
J’ai vu ces deux films au Festival de Cannes, or, tout journaliste ayant couvert cet événement sait que ce n’est pas des plus reposants (m’enfin pas plus qu’un autre festival, j’imagine…).
À courir les attachées de presse pour obtenir des entrevues avec les stars, à assister à d’interminables junkets et à voir trois ou quatre films par jour, un journaliste, aguerri ou non, finit par s’épuiser et voit son esprit critique quelque peu s’altérer. (Ne croyez pas que je me plaigne de mon sort!)
C’est donc pour cette raison que j’ai envie de revoir ces deux films que plusieurs critiques ont porté aux nues. Cela dit, s’ils ne me ravissent pas une seconde fois, je ne me forcerai pas à les aimer, ni ferai semblant de les aimer et n’irai certainement pas les revoir une autre fois. Il y a tant d’oeuvres que je n’ai pas encore vues… et je ne suis pas maso 😉
Enfin, si jamais je n’aimais vraiment pas ces films en bout de ligne, ça ne m’empêcherait pas d’en reconnaître la valeur – je ne dirai jamais bêtement qu’ils sont « plates, mauvais ou déprimants ». Ce n’est pas parce qu’on aime pas un film qu’il est nécessairement mauvais. Pas vrai?
C’est bien vrai, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas un film qu’il est forcément mauvais. Je n’aime pas les films de Von Trier, Loach, Leigh ou Kusturica, mais c’est une question de goût. Ce qui n’empêche pas que de respecter énormément ces cinéastes qui ont assurément chacun d’indéniables qualités.
Lorsque je veux dire qu’un vrai cinéphile revoit ces films au moins une fois, c’est surtout lorsqu’il s’agit de cinéastes que l’on sait exceptionnels et qu’il reste toujours la possibilité que l’on n’ait pas encore vu ce qu’il y avait à voir, subjectivement bien sûr. La première fois que j’ai vu un film de Bresson, je n’avais pas apprécié le film autant que maintenant. Il m’a fallu deux voire trois visionnements, conjointement à d’autres oeuvres du même cinéaste, pour enfin y voir le juste génie. Vous savez lorsqu’on se dit: « je n’ai pas aimé, mais pourtant, il y a quelque chose là! »
Évidemment, on ne revoit pas les films que l’on sait mauvais. Avec l’expérience, on reconnaît un mauvais film après 5 ou 10 minutes. Mais ce serait vraiment dommage si l’on ne revoyait pas un film parce qu’il ne nous a pas touchés la première fois. C’est risquer de passer à côté d’oeuvres déterminantes de notre vie. C’est pas facile évidemment, et souvent on laisse le hasard jouer pour nous, c’est plus commode, mais je trouve que l’appréciation d’un film auquel on doit s’adapter petit à petit est supérieure au coup de coeur spontané. Quelques un de mes films fétiches le sont devenu ainsi.
On peut fort bien ne pas aimer un film pour des raisons qui nous sont très personnelles et lui reconnaître toutefois une certaine valeur. Mais il y a des films qui sont vraiment d’une nullité si flagrante qu’ils méritent une brochette de mots hargneux. Blanche de Bernie Bonvoisin par exemple. Quelle bouse! Si le film s’est fait démolir autant par les critiques professionnels que par les cinéphiles, ce n’est que justice.
Mais à l’inverse, il y a des films que certains n’hésitent pas à démonter de toutes pièces pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’oeuvre. « Les clefs de bagnole » de Baffie par exemple. Le bouffon d’Ardisson savait fort bien que son film allait se faire descendre avant même de sortir. Raison pour laquelle il a joué d’humour en écrivant sur l’affiche « N’y allez pas, c’est une merde! » C’est pourtant un petit chef d’oeuvre d’humour absurde souvent pissant dont nombre de Français se sont privés parce qu’ils détestent Ardisson et ses sbires.
Donc, c’est vrai dans la plupart des cas. On ne devrait pas dire d’un film qu’il est nul simplement parce qu’on ne l’a pas aimé, à moins qu’il le soit vraiment. Mais on ne devrait pas davantage condamner un film parce qu’on n’aime pas l’homme qui se cache derrière la caméra sous peine de passer à côté d’un vrai petit bijou.
Tu peux avoir aimé un film la première fois que tu l’ais vu et par la suite le trouver bien « bof ». Aussi, ce que je comprends pas dans une critique c’est comment ils font pour décider si c’est mauvais, bien, chef d’oeuvre? Ont-ils un barême comme les profs utilisent lors d’exposé oraux ou tout simplement ils y vont avec leur guts avec ce qu’ils ressentent? Je sais qu’une critique ou c’est écrit: « le film ne me rejoint pas mais ils peut rejoindre d’autres personnes. »
Désolée peut-être que je déparle mais bon…