Et grâce à Voir, j'ai de nouveau 20 ans ! Ben quoi, une fille peut bien rêver. Si vous lisez fidèlement le Blogue chanson de Francis Hébert, vous savez déjà que nous vous avons concocté un numéro spécial soulignant les 20 ans de votre hebdo préféré (ben quoi, une fille peut bien rêver), lequel paraîtra le 23 novembre.
Philippe Falardeau |
Pour l'occasion, on nous avait demandé d'inviter d'anciens journalistes du Voir et des artistes marquants de la scène culturelle québécoise afin de participer à des tables rondes. J'ai donc convié Éric Fourlanty, ex-chef de section Cinéma qui a écrit dans nos pages de 1986 en 2001, Philippe Falardeau, réalisateur de La Moitié gauche du frigo et de Congorama, et Karim Hussain, qui a signé Subsconscious Cruelty, Ascension et La Belle bête.
Karim Hussain |
Tous trois se sont prêtés généreusement à l'exercice – je leur avais dit que ça durerait une heure, mais on a parlé à bâtons rompus durant deux heures. Nous y avons notamment parlé court métrage, documentaire, financement, critique et, surtout, de l'américanisation du cinéma québécois (nous avons également fait pas mal de blagues sur la porno, mais faute d'espace, j'ai dû couper.).
Suis-je plus romantique que je n'oserais me l'avouer ? Il me semble qu'il y a 20 ans, on parlait davantage de cinéma que d'argent. On dépense des millions pour se la jouer Hollywood en organisant des junkets et en déroulant le tapis rouge. Et après, on se targue de ne pas avoir un star-système comme aux États-Unis.
Aurore |
Très souvent, je reçois des communiqués m'annonçant que tel film a fait x millions aux box-office. Ouin, pis ? Je vous avoue que ça m'inquiète. Par exemple, l'an dernier on annonçait les 6 millions d'Aurore de Luc Dionne et le demi-million de La Neuvaine de Bernard Émond.
La Neuvaine |
Ayant déjà pas mal trashé le film, je ne reviendrai pas sur Aurore, lequel a été dépassé de peu par le formidable C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, mais je dois dire que j'avais eu un pincement au coeur en apprenant que ce remake du plus grand navet québécois avait fait 12 fois plus d'entrées que le sublime film d'Émond.
C.R.A.Z.Y. |
Des fois, j'ai l'impression qu'on tente de nous rentrer dans la tête que plus un film fait de l'argent meilleur il est. J'ai une question pour vous : est-ce que les chiffres que vous lisez le lundi matin dans le journal influencent vos choix de sorties au cinéma ?
Bien sûr que non! Les chiffres que je vois le lundi matin dans le journal n’influencent pas une miette mes choix de sorties au cinéma!…Il faut être pas mal influençable pour se fier là-dessus. De mon côté, je lis un peu les critiques avant, sinon c’est le résumé du film qui m’attire ou non ou bien j’y vais guidée par le pur plaisir de découvrir quelque chose de nouveau et/ou de non-commercial. (J’avoue avoir un penchant pour les films du monde dans les langues les plus inconnues et le cinéma québécois).
Le lundi matin ce qui m’influence le plus, ce sont les commentaires de mes collègues de travail qui sont comme moi des cinéphiles. Pour les films québécois, je suis curieux, point, chiffres ou pas chiffres. Durant la dernière année, j’ai vu entre autres, Bon cop, bad cop que je n’ai pas vraiment aimé mais aussi « Latex » que j’ai préféré. Dans ce dernier cas, j’ai plutôt fait confiance au programmateur du cinéma Beaubien. Je dirais aussi que je me méfie autant des chiffres que des critiques, en conséquence, je préfère me faire ma propre idée.
Les chiffres, au moins on les connaît au mieux on fait nos choix. Même que j’ai remarqué une tendance qui en dit long sur la qualité des films vis-à-vis de ces fameux chiffres: généralement, plus un film récolte de bons chiffres, moins je l’apprécie. Enfin, il existe quelques exceptions, évidemment. Mais moi aussi, mon poil grince affreusement lorsque j’entends dire qu’un ronflant « Bon Cop, Bad Cop » attire autant de monde qu’un merveilleux « Crazy »…