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In memoriam : Robert Altman


Robert Altman 1925-2006
 

J'ai appris la nouvelle alors que je tentais de terminer un texte afin de ne pas dépasser l'heure de tombée. Comme je vous l'ai déjà révélé, j'ai toujours un pincement au coeur lorsqu'un réalisateur s'éteint. Encore plus quand c'est un cinéaste de génie.

Je devais avoir une douzaine d'années lorsque j'ai vu mon premier film de Robert Altman, c'était la comédie de moeurs A Wedding (1978) dans lequel Geraldine Chaplin campe une conceptrice de mariages névrosée sur les bords aux prises avec une famille dysfonctionnelle qui tente de cacher la mort de la grand-mère (la vénérable Lilian Gish) à leurs invités afin de ne pas troubler la cérémonie. Loin d'être le meilleur film d'Altman, A Wedding avait pourtant séduit l'adolescente que j'étais grâce à son humour satirique et par la façon avec laquelle Altman orchestrait diverses histoires. Je venais de découvrir le film-choral.

Quelques années plus tard, c'était l'ambiance onirique et insolite de Three Woman (1977), avec Shelley Duvall et Sissy Spacek, qui m'avait fascinée. Vint ensuite l'émouvant Come back to the Five and Dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean (1982) que j'avais choisi au hasard parce que le titre m'intriguait.

Ce n'est que dans les années 1990 que j'ai enfin pu associer le nom d'Altman à ces oeuvres en découvrant M.A.S.H. (1969), The Player (1992), Short Cuts (1993). Il était temps, vous me direz.

 
A Prairie Home Companion

Lors des derniers oscars, j'étais très heureuse que l'académie lui décerne un prix de son vivant – j'ai un peu de misère avec les prix reçus à titre posthume. Pessimiste de nature, je n'avais cependant pas cru que le coeur de jeune femme qu'on lui avait greffé le ferait vivre encore longtemps. Ce n'est donc pas sans tristesse que j'étais allée voir A Prairie Home Companion où la mort prenait les jolis traits de Virginia Madsen. J'étais d'autant plus tristounette en sortant du cinéma du fait que je n'avais pas envie de crier au génie face à ce que tous savaient, sauf lui, être son dernier film. À ce propos, je vous invite à lire les chroniques de mes confrères Martin Bilodeau et Nathalie Petrowski qui ont eu la chance de rencontrer le bonhomme.


Virginia Madsen
 

Ayant maîtrisé parfaitement l'art délicat du film choral, Altman a inspiré de nombreux cinéastes et continuera sans doute à le faire encore très longtemps. Toutefois, peu d'entre eux pourront se targuer d'avoir égalé ou dépassé le maître. Sauf peut-être Alejandro Gonzalez Inarritu. Qu'en pensez-vous ? En tout cas, une chose est sûre, durant les vacances des Fêtes, je me fais mon petit festival Altman.