Voici une question de Thierry D. à la suite de mon billet sur la réaction d'Yves Desgagnés face aux propos de Denis Chouinard:
M'enfin… ce qui me rend perplexe, c'est que d'autres que lui ayant des choses sans doute plus intéressantes à nous raconter se sont fait fermer la porte du financement de leur projet. A-t-on pourtant si peu de choses à raconter au Québec pour en venir à privilégier la version cinématographique d'une des plus populaires pièces de théâtre de tous les temps?
Ceci me rappelle ce qu'Éric Fourlanty, ex-chef de section Cinéma du Voir, avait lancé lors de la table ronde sur le cinéma (pour les 20 ans du Voir) : « C'est curieux qu'on ait pas fait davantage d'adaptations d'oeuvres littéraires québécoises. »
Bien sûr, on a eu droit à Poussière sur la ville, Kamouraska, Les Plouffe, Maria Chapdelaine, Les Fous de Bassan, Le Matou, Un homme et son péché, Le Survenant, Un dimanche à Kigali, La Belle bête, mais quand verra-t-on sur nos écrans des adaptations d'Aquin, de Ducharme, de Godbout, et plus près de nous, de Nelly Arcan, de Guillaume Vigneault, de Marie Hélène Poitras?.
En effet, je trouve très dommage que les romans québécois ne se retrouvent pas facilement à l’écran. Et quand cela est fait, on choisit parfois des romans à la qualité douteuse (pensons à Maman Last Call, par exemple…). Je crois qu’il y a encore à travers ce comportement une certaine difficulté à reconnaître le talent des gens d’ici. Pourquoi Yves Desgagnés a-t-il cru si important de réactualiser complètement la pièce de Shakespeare alors que certains romans québécois, déjà contemporains, traitent efficacement de la première passion amoureuse. Je penses ici spontanément à la trilogie Marie-Tempête de Dominique Demers. J’ai parfois l’impression que certains créatuers tentent de s’approprier de grande oeuvres, de grands classiques, par simple vanité. Car soyons honnête, qu’aura gardé Yves Desgagnés de la version originale de Shakespeare, sinon un titre et une trame de fond. On éclipsera toute la dimension historique de la pièce de Shakespeare, pourtant si importante dans toute sa dramaturgie (Jules César, Antoine & Cléopâtre, etc.) On tente ici de faire contemporain en dénaturant totalement l’oeuvre de départ. J’espères que Shakespeare se retournera dans sa tombe…