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Les Génies…

Avant que vous lisiez les lignes qui suivront, j'aimerais clarifier quelques trucs avec vous :

1. La maman de Philippe Falardeau ne m'envoie pas d'argent chaque fois que j'écris le mot « Congorama ».
2. Je ne suis pas une disciple de Luc Déry (producteur de Congorama).
3. Paul Ahmarani n'est pas l'un de mes nombreux maris.
4. Je ne travaille pas pour Christal Films (distributeur de Congorama).

Comme je vous l'ai laissé entendre, j'étais bien déçue, en fait « outrée » comme je l'ai répété à deux ou trois reprises à Luc Déry lors de l'annonce des finalistes des « oscars canadiens », de constater que Congorama ne se retrouvait que dans trois catégories, soit Meilleur montage (Frédérique Broos), Interprétation masculine dans un premier rôle (Olivier Gourmet) et Meilleur scénario (Philippe Falardeau). Non mais, comment une sombre merde comme Tideland de Terry Gilliam récolte six mises en nomination, alors qu'un film brillant comme Congorama est quasiment relégué aux oubliettes ? Il y a des limites à ces deux maudites solitudes !

Grâce à Maurice Richard, Bon Cop, Bad Cop et Un dimanche à Kigali, le cinéma québécois clenche le cinéma canadien en dominant le palmarès des mises en nomination du 27e Gala des Prix Génie ? Devons-nous vraiment en être fiers ? Il me semble qu'avec l'année peu mémorable qu'on a connue, il n'y a pas de quoi se péter les bretelles.

De mon humble avis, Congorama, avec son scénario complexe, son humour tout en finesse et sa direction d'acteur impeccable, est de loin le meilleur film québécois de l'année. En entendant la liste des finalistes pour les meilleurs films de l'année, j'étais scandalisée de constater qu'il s'était fait damer le pion par Maurice Richard, un très beau film qui aurait dû être en compétition l'an dernier, Trailer Park Boys, une idiotie bâclée, et Le Guide de la petite vengeance, film archi-décevant du super tandem Scott-Pouliot.

Et que penser de Bon Cop, Bad Cop dans cette catégorie ? BCBC a été le film le plus populaire de l'année, mais ça n'en fait pas le meilleur film pour autant! Les messieurs-dames du jury de l'Académie canadienne du cinéma confondraient-ils qualité et popularité? Je n'irais pas jusqu'à dire comme mon confrère Marc Cassivi que cette sélection est ridicule, mais, tout comme lui, je trouve que ce buddy movie, fort efficace au demeurant, n'est pas à sa place :

« Le cinéma peut être bien des choses : un divertissement, un art, une industrie, le miroir d'une société, toutes choses qu'il ne faut pas confondre. On ne saurait comparer sérieusement une oeuvre d'art avec un pur divertissement. Est-ce que le meilleur des smoked-meat peut être comparé au meilleur des ris de veau? Non. On peut aimer les deux, mais on ne peut juger l'un par rapport à l'autre. » écrivait Cassivi le 13 janvier dernier.

Si les galas de ce genre servent réellement à saluer « l'imagination, la créativité, la vaste expertise et la maîtrise » (dixit le communiqué de presse) de nos artistes et artisans, pouvez-vous m'expliquer pourquoi on a laissé de côté le splendide Kamataki de Claude Gagnon, le bijou de Sophie Deraspe, Rechercher Victor Pellerin et le déroutant Sur la trace d'Igor Rizzi de Noël Mitrani? Même si Congorama prouve que Falardeau a mûri tant comme scénariste que réalisateur, pourquoi ce dernier n'a pas été reconnu à ce titre par l'Académie?

Autre grande déception : l'absence de Paul Ahmarani dans le palmarès des meilleurs acteurs. C'est à se demander si les juges n'ont vu que la moitié du film. Je comprends maintenant pourquoi Falardeau a répété à quelques reprises que le talent d'Ahmarani était encore sous-estimé. N'aurait-on pas pu lui faire une petite place auprès de Gourmet comme pour les Jutras? Et Laurent Lucas, il n'était pas assez bon pour vous dans Sur la trace d'Igor Rizzi? Et Eudore Belzile (Rechercher Victor Pellerin), lui, vous l'avez oublié aussi?

Il y a bien des cinéphiles qui ne comprennent pas ce qui se passe dans les critiques, eh bien sachez qu'il y a bien des critiques qui se demandent si ça ne tourne pas rond dans la tête des académiciens.

P.-S. : J'aimerais féliciter au nom de l'équipe Cinéma Martin Girard, coscénariste du Secret de ma mère de Ghyslaine Côté, pour sa mise en nomination dans la catégorie Meilleur Scénario. Jusqu'à tout récemment, Martin écrivait pour Voir, mais comme il planche sur trois scénarios à la fois, il a décidé de mettre momentanément de côté sa plume de critique.