Non, non, je ne suis pas folle, vous savez. Si j'écris trois fois de suite le titre de ce film de Philippe Falardeau, c'est simplement pour vous rapporter la réponse de Martin Bilodeau, de Michel Coulombe et de Marc-André Lussier à Suzanne Lévesque qui leur demandait quel film mériterait le prix du meilleur film à la remise des Jutra lors d'une table ronde à Écran libre sur la pertinence d'un tel gala au Québec.
Outil de promotion, comme le dit Lussier, ou célébration de l'excellence, comme le souhaite Bilodeau? L'an 2006 ayant été une année laissant à désirer cinématographiquement parlant, l'on se demande si l'on souligne cette fois l'excellence ou la popularité. Et encore, les cinéphiles ont été moins nombreux à fréquenter les salles de cinéma l'an dernier.
Comment pourrait-on justifier que le gala des Jutra existerait seulement lorsque le Québec produirait de grands crus. Vous imaginez la tête des Américains si on les privait de leurs oscars l'an prochain sous prétexte qu'il n'y a pas assez de bons films? Pas de danger que ça leur arrive vu le nombre fort élevé de films tournés annuellement au pays de l'oncle Sam. Eux, ils ont l'embarras du choix, c'est pas comme ici où se tournent en moyenne 25 films par an.
Prix Genie |
Alors que les films québécois «clenchent» les films canadiens à la soirée des Génie dans l'indifférence totale, le ROC ne s'intéressant peu ou prou à son cinéma et encore moins au nôtre (d'une mer à l'autre, c'est 200 000 spectateurs qui regardent les Génie contre de 600 000 à 1 million pour les Jutra), on se dit qu'il est bien de se faire notre propre petite fête. Mais entre nous, est-ce vraiment nécessaire d'avoir deux partys? Comme le soulignait à la blague Coulombe, vous imaginez l'embarras des artistes et artisans qui doivent se procurer deux tenues de gala?
De même, les artistes partagent-ils tous l'avis de Michel Côté, qui quittera sous peu la présidence de la soirée des Jutra, qui avouait à Tout le monde en parle que le trophée Génie a beau peser plus lourd que le Jutra, c'est ce dernier qui fait plus plaisir à recevoir?
Hormis le triomphe du Maurice Richard de Charles Binamé, sorti au Canada en avril, qui a pu récupéré tous les trophées lui ayant échappé aux Jutra à cause de l'ouragan C.R.A.Z.Y. l'an dernier, quel est l'intérêt d'avoir deux galas où ce sont les mêmes films qui concourent?
Cela dit, si cela peut contribuer à relancer la carrière des films de qualité qui n'ont pas rencontré leur public – rappelons la re-sortie en salle de Mémoires affectives de Francis Leclerc après avoir raflé quatre Jutra – , amenez-en des galas!
P.-S.: Normand Brathwaite animera la soirée des Jutra ce dimanche à 19 h 30, sur les ondes de Radio-Canada.