BloguesCinémaniaque

Hubert Aquin 1929-1977

Il y a 30 ans aujourd'hui, l'écrivain Hubert Aquin s'enlevait la vie dans les jardins de Villa-Maria avec le fusil de chasse qu'il avait hérité de son père. Il avait choisi le 15 mars, ou les ides de mars, jour où son idole Jules César fut assassiné.

Pourquoi je vous parle d'Aquin? Parce qu'il a marqué, pour ne pas dire bouleversé, mes études universitaires et que je rêve du jour où un grand réalisateur transposera à l'écran ce sublime roman qu'est Prochain épisode, roman policier atypique, politique et lyrique que l'auteur entreprit d'écrire en 1964 à l'institut Prévost où il avait été interné peu après avoir été arrêté dans le parking de l'oratoire St-Joseph pour port illégal d'arme. L'homme, qui avait annoncé dans le Devoir qu'il prenait le maquis, avait voulu faire sa révolution.

Eh oui, cet homme qui admirait Balzac, le coureur automobile Sterling Moss et James Bond, était prêt à tout pour sortir le Québec de son marasme. De venir à bout de cette «fatigue culturelle» qu'il avait dénoncée dans un essai paru en 1962 dans la revue Liberté. N'ayant pu réussir une carrière en politique (il a été membre du RIN), il s'employa à révolutionner la littérature québécoise.

Hélas, je connais peu de gens qui lisent Aquin dans mon entourage. Il est vrai qu'on ne lit pas Trou de mémoire, L'Antiphonaire ou Neige noire comme on lit. Harry Potter.

Dans les années 70, Aquin était au programme des écoles secondaires. Dans les années 80, il y est disparu pour faire partie des lectures incontournables des cégépiens. Dans les années 90, il ne restait que les universitaires qui s'y intéressaient. Et encore. Combien de fois ai-je entendu «Hubert Aquin? Le building de l'UQAM?»? Chaque fois, je répondais, «tu sais qu'il a écrit avant de se transformer en pavillon?».

Heureusement, il y a encore des irréductibles comme François Poisson, enseignant au cégep Marie-Victorin, qui persiste à faire connaître l'oeuvre d'Aquin afin que ce dernier ne sombre pas définitivement dans l'oubli. Je vous invite d'ailleurs à lire ce texte que Poisson a fait paraître aujourd'hui dans le Devoir.

Vous voulez en savoir plus sur Aquin? Louez Deux épisodes dans la vie de Hubert Aquin de Jacques Godbout, qui fut l'un de ses grands amis. Dans ce documentaire, on y voit entre autres Andrée Yanacopoulo, sa dernière compagne, qui raconte les derniers moments du grand écrivain, qui fut également scénariste, réalisateur et producteur (on lui doit notamment À Saint-Henri le cinq septembre). Je vous jure, ça donne froid dans le dos!