My Blueberry Nights, de Wong Kar Wai, avec Norah Jones et Jude Law. |
C'est l'impression que j'avais en sortant, enchantée, de la projection de My Blueberry Nights de Wong Kar Wai. Lorsque j'ai confié ça à mon confrère Pierre Pageau de Radio Centre-Ville, celui-ci m'a alors révélé que s'il pouvait remonter la scène de Cinéma Paradiso où l'on voit les plus beaux baisers du cinéma, il ajouterait celui que s'échangent Norah Jones et Jude Law sur le leitmotiv envoûtant de In the Mood for Love joué à l'harmonica.
Si le film m'a séduite, j'ai cependant la cruelle impression que ce n'est pas l'ensemble de la critique qui a succombé à ce magnifique poème visuel bercé par l'enivrante musique de Ry Cooder où l'on retrouve avec ravissement des réminiscences de 2046, de Chunking Express et de l'incontournable In the Mood for Love. « Affligeant ! » s'est écrié un confrère français derrière moi. « Pas d'accord du tout ! » avais-je envie de lui crier, mais ma maman m'a toujours dit qu'il ne faut pas parler aux inconnus.
Certes, ce n'est pas son plus grand film, mais de là à le rejeter si brutalement. Premier film tourné en anglais par Wong Kar Wai, My Blueberry Nights prend la forme d'un road movie hypnotique où, après une douloureuse rupture, une jeune femme (Jones, photogénique et très convaincante dans son premier rôle à l'écran) traverse les États-Unis pour mieux se retrouver. Peu avant son départ, elle rencontre le bienveillant proprio d'un café (Law, émouvant – et d'une beauté troublante !) où elle s'empiffre de pointes de tarte aux bleuets à la mode pour étouffer sa peine.
Durant son périple, elle s'arrête à Memphis et y croise un policier alcoolique (David Strathairn, bouleversant) amoureux fou de son épave d'ex-femme (Rachel Weisz, solide), puis au Nevada où elle se liera d'amitié avec une joueuse paumée (Natalie Portman, très bien). Pendant ce temps, le proprio du café recevra la visite celle qui lui a brisé le coeur (Chan Marshall, mieux connue sous le nom de Cat Power).
Bien plus que les confidences croisées de ces âmes en peine, c'est la photographie qui retient l'attention. Secondé par l'excellent directeur photo Darius Khondji, Wong Kar Wai crée de superbes tableaux urbains où dominent le rouge néon et le bleu nuit. Par moments, les paysages qu'il filme s'apparentent à des toiles abstraites. Jamais je n'aurais cru que je trouverais la vulgaire et criarde Las Vegas belle. Avec riche sa palette de couleurs, ses ralentis, ses volutes de fumée et sa douce mélancolie, My Blueberry Nights s'inscrit parfaitement dans l'oeuvre du réalisateur dont on reconnaît la délicatesse et la finesse par sa façon d'approcher les personnages, les objets, les paysages comme s'il voulait les caresser doucement de sa caméra. Comme s'il ne voulait pas troubler la beauté qui s'offre à lui.
Et de toute cette beauté, je garderai longtemps en mémoire ce baiser, véritable morceau d'anthologie, que donne Law à Jones sous prétexte de lui enlever la crème glacée qui a fondu sur ses lèvres. Et moi, de fondre sur mon siège, un sourire béat sur les lèvres, jusqu'à la fin du générique.
Je sens que je vais pleurer tout mon saoûl quand je vais aller voir My blueberry Nights. Juste sur la photo, je les trouve trop mignons!
Une preuve de plus que Jude Law est toujours là où on ne l’attend pas : perdu en pleine campagne anglaise ou dans un café du fin fond des Etats-Unis… Ne perdons pas espoir! 😉