Les Chansons d'amour de Christophe Honoré. |
Le cinéma français est l'un de mes cinémas préférés, hélas, vendredi matin, au Grand Théâtre Lumière où avait lieu la projection du drame musical Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, je me suis momentanément inquiétée pour sa santé.
Grande fan de Jacques Demy et des comédies musicales en général (sauf Andrew Lloyd Webber que je trouve insupportable), je savourais à l'avance ce drame sentimental mis en chansons par Alex Beaupain. Eh bien, dès la première chanson, interprétée par Ludivine Sagnier (qui n'a pas progressé vocalement depuis 8 Femmes) et Louis Garrel (si beau qu'il aurait pu inspirer à Michel-Ange son David), je décrochais déjà et promettais de ne jamais me procurer la bof pas plus que tout autre CD de Beaupain.
À la troisième chanson, je poussais des soupirs d'exaspération tant les mélodies me paraissaient peu accrocheuses et très répétitives, sans parler des paroles que je trouvais d'un pseudo romantisme lancinant. Et en plus, tout le monde chante avec une désinvolture agaçante, quand ce n'est pas sans conviction, et personne n'a une voix digne de mention.
Quant au récit, pour lequel j'ai tenté vainement de me passionner, c'est celui de deux amoureux (Sagnier et Garrel) et de leur maîtresse (Clothilde Hesme), qui constatent tristement que le verbe aimer se conjugue difficilement à trois personnes. Il y a aussi dans le rôle de la grande soeur de Sagnier Chiara Mastroianni, dont la blondeur et la mélancolie qu'elle affiche en chantant sous son parapluie évoquent sa mère dans Les Parapluies de Cherbourg. Je n'oserais passer sous silence Grégoire Leprince-Ringuet (mâtin, quel nom !) dans le rôle d'un jeune Breton fleurant bon la mer et la tarte au citron (sic !).
Sans prendre le temps de développer ses personnages, Honoré fait mourir très tôt l'un d'eux sans qu'on ait la moindre envie d'écraser une petite larme tant on n'a pas pu s'y attacher. Je dirais même que j'étais soulagée pour l'interprète d'avoir pu si tôt arrêter de se commettre dans ce nanar maniéré et capricieux croulant sous les clins d'oeil à Demy, Jules et Jim, Une femme est une femme, Bande à part, etc. C'est pas parce qu'on multiplie les références à la Nouvelle Vague que ça fait de soi un cinéaste.
Contre toute attente, la salle a pourtant applaudi sincèrement à la fin. Moi qui croyais que j'allais entendre le premier concert de sifflements et de bancs qui claquent du festival. Il fut un temps où chaque pays soumettait ses films qu Festival de Cannes, or, depuis 1972, c'est le Festival qui va chercher les films. Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi un tel film puisse représenter la France dans un festival de ce calibre ? Y avait pas les Ozon et Chabrol qui préparaient quelque chose ?…
Ah oui, je ne suis pas allée voir Boarding Gate d'Oliver Assayas avec la sulfureuse Asia Argento, mais trois ou quatre de mes confrères, dont Dboy Lennon, m'ont dit que je n'avais rien manqué puisqu'il s'agit d'un sous-Nikita. Me semble qu'on avait assez d'un Besson, non ?