Michael Moore, ici dans Farenheit 9-11, a encore séduit le public cannois. |
Trois ans après avoir raflé la Palme d'or avec son percutant Farenheit 9-11, l'imposant et débonnaire Michael Moore récidive avec un nouveau documentaire « et vlan dans les dents ! » où il examine sans mettre de gants blancs le système de santé américain, Sicko. Attention, ça va faire mal !
Si nous, Québécois, nous plaignons souvent, non sans raison, du système de santé, il est fort à parier que nous serons peu à vouloir nous installer au pays de l'oncle Sam après avoir entendu les histoires d'horreur qu'est allé recueillir celui qui vient de faire l'objet d'un documentaire où sont dénoncées ses méthodes de recherches.
Ainsi l'on découvre que même si certains Américains sont assurés jusqu'aux dents dans le cas d'une éventuelle maladie un d'un accident, les compagnies feront tout pour qu'aucun sou ne leur soit versé. Même les raisons les plus farfelues y passeront. Demandez à cette jeune femme qui s'est fait refuser un remboursement sous prétexte qu'elle avait omis d'inscrire dans son formulaire qu'elle avait déjà souffert d'une infection à levure.
Bien que les rires fusaient souvent dans la salle, Moore ayant le don de pointer le ridicule avec emphase, les cas qu'ils nous présentent en première partie sont à tirer les larmes. On ne compte plus aux États-Unis le nombre de gens qui s'endettent, se ruinent pour recevoir des soins décents, sans parler de ceux qui meurent alors qu'ils auraient pu être sauvés s'ils avaient bénéficié d'un système de santé semblable au nôtre.
Moins présent à l'écran qu'à son habitude – lui aurait-on crié, à l'instar de Nanni Morretti, « tasse-toi, Mike, on veut voir le film » ? – Moore, après avoir tiré à boulets rouges sur tout ce qui bouge de près ou de loin dans le système de santé américain, paye une visite à ses cousins habitant au Canada puisque ceux-ci refusent de se faire assurer pour une visite de 24 heures de l'autre côté des frontières. Moore se rend alors compte que notre système de santé ferait rêver bien de ses compatriotes, lui le premier. Saviez-vous qu'il n'y avait que 20 minutes d'attente dans nos urgences ? Coudons, c'est-i un documentaire ou bedon une fiction ? En tout cas, j'ai bien hâte de voir quels vices cachés Paul Arcand nous dévoilera dans son documentaire portant sur la santé.
Par la suite, Moore se rend à Londres puis à Paris, deux endroits idéaux pour tomber malade, semble-t-il. A un point, je me suis prise à rêver d'épouser un médecin anglais ou encore de fonder une petite famille avec un Français. Heureusement, ma rêverie fut de courte durée, car Moore, faisant fi des lois et restrictions, prend ensuite sous son aile des secouristes des victimes des événements de septembre 2001, aujourd'hui très malades, pour les emmener se faire soigner au pays du leader massimo, où l'on nous conseille pourtant d'apporter de l'aspirine. La raison ? Les prisonniers de Guantanamo, ceux-là mêmes responsables des attentats terroristes, recevraient de meilleurs soins de santé que la majorité des Américains.
S'ensuivent alors des scènes larmoyantes où patients reconnaissants et toubibs semblant sortir tout droit de Grey's Anatomy se font des gros câlins. Ce cher Michael, toujours aussi démago et peu subtil. Et puis, palmable ou pas palmable, l'homme à la casquette ? Eh non, puisque son film est hors compétition. Ponctué d'applaudissements spontanés, il a le sens du spectacle le bonhomme, Sicko a été fort bien accueilli par le public cannois sans pour autant provoquer le même engouement que pourFarenheit 9-11. Commencerait-on à voir clair dans le jeu de celui qui semble incapable donner dans la nuance ? Enfin, si jamais vous aviez envie de draguer un(e) Américain(e), dites-lui simplement : «Hey, I'm Canadian and our health system rocks, wanna buy me a drink ?»