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Cannes 2007 : Un bijou de film de fantômes

El Orfanato de Juan Antonio Bayona.

Peu impressionnée par les films de la Compétition, je suis allée faire un tour du côté de la Semaine de la critique – en fait, j'ai eu la chance d'être invitée à une projection spéciale au Cinéma Star sur la chic rue d'Antibes – où j'ai connu mon premier coup de foudre depuis mon arrivée : El Orfanato de J.A. Bayona, premier long métrage d'un réalisateur espagnol à surveiller de près et produit par nulle autre que le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro.

Évoquant l'univers de Henry James de même que celui de Peter Pan (si, si, je vous assure !), El Orfanato nous transporte dans une superbe vieille demeure aux planchers qui craquent, aux portes qui grincent et aux armoires qui regorgent de mystérieux secrets. Ayant grandi dans cet ancien orphelinat sis au bord de la mer, Laura (magnifique Belén Rueda) se propose de le restaurer afin d'en faire un foyer pour enfants handicapés. Dès lors, son fils adoptif Simon se retrouve à jouer avec de nombreux amis imaginaires, ce qui finit par provoquer une querelle avec sa mère puis, la disparition du gamin. Surviennent alors d'étranges phénomènes qui pousseront Laura, au grand dam de son mari, à recourir aux services d'une spiritiste (Geraldine Chaplin, à la fois rassurante et inquiétante dans une brève mais importante apparition) afin de retrouver son fils… peu importe le prix à payer.

Avec sa beauté plastique, son atmosphère tour à tour feutrée et tendue ainsi que son illustration du pouvoir imaginaire des enfants tourmentés, El Orfanato possède des qualités formelles et narratives qui le rapprochent de The Others d'Alejandro Amenabar et de l'univers de Del Toro (El Espinazo del diablo, El Laberinto del Fauno). A l'instar de ses cousins espagnol et mexicains, El Orfanato va bien au-delà de l'histoire de fantômes bien ficelée, laquelle repose non pas sur moult effets chocs convenus à l'américaine mais sur une riche création d'atmosphère où le moindre son banal ou toute parcelle d'ombre provoquent l'effroi tout aussi bien chez les personnages que les spectateurs.

De fait, El Orfanato est avant tout le récit bouleversant d'une femme qui, n'arrivant pas à faire le deuil de son fils, lequel réveille en elle de vieilles blessures, devra se réconcilier avec son enfance afin d'assurer la paix de son âme. Au bout du compte, El Orfanato s'avère un puissant mélodrame doublé d'un sensible portrait de femme mâtiné de fantastique qui fera à coup sûr fondre le coeur de plusieurs. Je vous mets un défi de ne pas écraser une larme ou deux lorsque vous le verrez !