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Cannes 2007 : Blue jeans sur la plage 1

Caroline Néron dans L'Âge des ténèbres.

Ce vendredi se tenait, dans une ambiance plutôt conviviale, le 5 à 7 de L'Âge des ténèbres sur la terrasse du Pavillon Kodak, lequel donne sur la mer. André Robitaille, Macha Grenon, Didier Lucien, Jean-René Ouellet, Caroline Néron, Sylvie Léonard, Denise Robert, Marc Labrèche et Denys Arcand étaient notamment de la partie. J'ai eu la chance de pouvoir m'entretenir brièvement avec quelques uns d'entre eux. Voici leurs propos.

Pour un acteur, est-ce un fantasme d'aller à Cannes ?

Jean-René Ouellet : «Disons que c'est plus un rêve qu'un fantasme. Pour l'instant, ça va, on vient à peine d'arriver et on est encore sur le décalage horaire. Je crois que je serai plus nerveux dimanche pour la montée des marches.»

De la trilogie, L'Âge des ténèbres est sans doute le plus drôle, mais également le plus pessimiste.

JRO : «Je n'ai pas encore vu le film, alors je ne peux pas en juger. Je connais Denys, sa démarche sociale, historique, donc je n'ai pas été surpris par les sujets qu'il y aborde. C'est d'abord l'humour noir que j'ai remarqué dans le scénario. Pour moi, c'est une histoire universelle qui passe par un filtre québécois.»

Un constat de désintégration, comme le dit un personnage.

JRO : «Oui, c'est à propos de la désintégration qui existe, de l'individualisme et de la solitude.»

Votre personnage apparaît d'abord en string avant de revêtir sa bure, comment Arcand vous a-t-il convaincu d'endosser ce rôle ?

JRO : «Denys est venu me chercher en m'annonçant qu'il avait écrit ce rôle pour moi et qu'il s'agissait de saint Bernard de Clairvaux, qui prêcha la deuxième croisade. D'ailleurs, le long monologue sur les musulmans que je récite dans la scène du week-end médiéval, et qui donne une dimension historique au tout, sonne encore d'actualité. J'ai fait des recherches sur saint Bernard, mais j'ai aussi voulu donner à cet homme, qui est policier, une modernité, une contemporanéité. Beckett a dit "On naît tous fous, certains le demeurent". Aujourd'hui, les gens sont de plus en plus seuls et c'est pour ça que certains se réfugient dans la religion, le fanatisme. et les fantasmes.»

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C'est votre première fois au Festival de Cannes ?

Caroline Néron : «La deuxième fois à Cannes, la première fois au festival.»

C'était un rêve pour vous ?

CN : «Pas vraiment. En fait, j'y ai seulement pensé lorsque je me suis retrouvée à jouer dans un film d'Arcand. C'est complètement fou d'être ici, on perd la notion du temps, mais en même temps, il faut savoir profiter du moment.»

Vous jouez la patronne de Jean-Marc Leblanc (Marc Labrèche), une femme autoritaire. C'est un rôle qui vous emballait ?

CN : «Oui, pour moi, c'était un cadeau ! Je joue une femme dure, frustrée, mal dans sa peau, qui se nourrit du malheur des autres. Ce n'est pas le genre de proposition qu'on me fait souvent ! J'aime jouer ce genre de personnage parce que c'est vraiment une composition. En plus, j'aimais beaucoup l'humour de Denys.»

Dans les fantasmes de Jean-Marc, elle devient une sorte d'esclave sexuelle. Pour vous, c'était une autre facette du personnage ou un tout autre personnage ?

CN : «En fait, je me suis demandé jusqu'où Jean-Marc voudrait qu'elle aille dans ses fantasmes. On a tous quelqu'un à qui on aimerait faire passer un mauvais quart d'heure. Alors je me suis dit "Laisse-toi donc aller !"»

Vous étiez impressionnée de travailler avec un réalisateur qui a reçu un oscar ?

CN : «Denys a un côté très relax qui nous met en confiance. C'est quelqu'un de très amical, d'humain, de cultivé qui a plein d'anecdotes à raconter. Des fois, je me demandais s'il allait regretter de m'avoir choisie.»

Êtes-vous d'accord avec la vision noire que propose le film ?

CN : «Nous sommes dans une grande période de changement, les femmes sont encore plus indépendantes qu'avant, mais pourtant personne ne semble heureux. C'est comme s'il n'y avait plus de passion. Ça ne m'étonnerait pas qu'à la fin du film, il y en aura qui vont se dire « J'lâche ma job ! » ou « J'lâche ma femme !».