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Malaise.

Tout à l'heure, mon cher confrère Christian St-Pierre est venu me brandir sous le nez une copie du Journal de Montréal. Étiez-vous au courant que Téléfilm et la SODEC avaient financé deux films semblables ?

Extrait du communiqué de la SODEC : C'est pas moi, je le jure, adaptation du roman éponyme de Bruno Hébert, ce film parle de Léon, de son imagination fertile, de sa douleur intérieure, de son envie irrésistible d'être différent, de l'approche de l'adolescence et de l'amour. Une comédie dramatique et une histoire d'enfant qui s'adresse résolument aux adultes. Écrit et réalisé par Philippe Falardeau (gagnant du Jutra du meilleur film 2007), il est produit par Luc Déry et Kim McGraw pour micro_scope inc. et distribué par Christal Films Distribution inc.

Extrait du communiqué de la SODEC : Pieds nus, nous sommes en 1970 et c'est l'été. Élise, fillette de 12 ans, voit sa mère quitter la maison familiale. Les valeurs changent, les repères aussi. Une réalisation de Léa Pool, produite par Lyse Lafontaine et Michael Mosca, pour Productions Équinoxe Films qui en assure aussi la distribution (Les Films Équinoxe inc.). Le scénario est signé Isabelle Hébert.

Eh oui, ce communiqué avait été émis en février, soit peu de temps après que Téléfilm Canada ait annoncé qu'elle financerait ces deux projets, mais ce n'est qu'aujourd'hui qu'un journaliste, Dany Bouchard, en pointe les similitudes. Coudons, on dormait-i au gaz ? Pour ma défense, je dois avouer que je ne suis pas très people, alors j'ignorais qu'Isabelle Hébert et Bruno Hébert étaient frère et soeur (et tant qu'à y aller dans le people, sachez que leur papa est l'ex-sénateur Jacques Hébert). Et même si je l'avais su à l'époque, c'est pas sûr que j'aurais deviné à travers ces quelques lignes que la frangine s'était également inspirée de son enfance pour pondre son récit. Toujours est-il que les deux films seront sur nos écrans l'an prochain.

C'est pas moi, je le jure, que j'attends avec impatience puisque j'avais dévoré le roman, est prévu pour l'automne 2008. D'un budget de 4,7 M$, le film devrait se tourner d'août à octobre et mettre en vedette. ah ! j'ai promis au réalisateur de ne pas le répéter !

Ma mère est chez le coiffeur (nouveau titre de Pieds nus), d'un budget de 4,3 M$ et dont on prévoit également la sortie pour l'automne 2008, devrait être tourné de la mi-juillet à la fin août. Marianne « Aurore » Fortier, Laurent Lucas, Céline Bonnier et Gabriel Arcand seront de la partie.

Je dois avouer que j'ai ressenti un grand malaise en lisant cette nouvelle. Bon, c'est pas la première fois que des films traitant sensiblement de la même chose voient le jour à peu près en même temps. Rappelez-vous Full Metal Jacket de Kubrick et Platoon de Stone sortis à un d'intervalle (et plus récemment, les films d'animation mettant en vedette des pingouins.). Mais là, alors que plusieurs réalisateurs se plaignent du manque de financement – malgré les 10M$ annuels du gouvernement provincial et les 12M$ de Radio-Canada jusqu'en 2010 – et que Bev Oda fait encore la sourde oreille, avouez que ça fait bizarre d'apprendre que la SODEC et Téléfilm étaient au courant de la « parenté » des deux projets et de leurs ressemblances, et que personne du comité de lecture n'y ait vu quelconque corrélation.

D'accord, le premier est raconté d'un point de vue masculin, tandis que le second l'est d'un point de vue féminin. Bien qu'ils commencent tout deux de la même façon, les fins diffèreraient totalement. De même, le ton de l'un est très différent de celui de l'autre. Aussi, il est vrai que le style du réalisateur de Congorama ne ressemble pas à celui de la réalisatrice d'Emporte-moi.

L'avenir nous dira s'il aura valu la peine que Téléfilm rejette Grande Ourse de Patrice Sauvé et Polytechnique de Denis Villeneuve pour porter au grand écran deux récits prenant leur source dans les souvenirs d'un homme et de sa soeur. Au fur et à mesure que j'écris ce billet, je me demande sérieusement s'il ne s'agit pas là d'une tempête dans un verre d'eau. Après tout, pourquoi priver un réalisateur d'adapter un roman qui l'a marqué ou une scénariste de s'inspirer de sa jeunesse ? Souhaitons que dans les cas, c'est le talent des auteurs, l'originalité de l'écriture et la finalité du produit qui auront primé par dessus tout. Et qu'au moment de leur sortie, l'un ne fasse pas ombrage à l'autre.

P.-S. : Pour lire l'article de Dany Bouchard, cliquez ici.