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Tremblant 2007 : Ça commence bien!

Devinez quoi! En retournant à ma chambre d'hôtel après la charmante soirée d'ouverture du Festival du film de Tremblant, j'ai appris en appelant à la réception que la connexion Internet ne fonctionnait pas. Eh oui, il semble que je sois condamnée à vous faire languir dès que je couvre un festival hors de Montréal.

Celle-ci étant enfin revenue, récapitulons donc. Mercredi soir, après un joyeux souper au bord d'un lac avec vue imprenable sur le coucher du soleil au son de l'ensemble jazz de Clément Jacques – bucolique, n'est-ce pas? -, la soirée s'est poursuivie au Centre des congrès pour la première du film Michou D'Auber de Thomas Gilou, qui, malgré le décalage horaire, est resté trois quarts d'heure après la projection pour répondre aux questions du public.

Campée dans la France profonde de l'après-guerre, cette gentille comédie dramatique raconte l'enfance de Messaoud Hattou, acteur et scénariste, qui fut placé en famille d'accueil au début des années 60. Interprété avec justesse par le nouveau venu Samy Seghir, le petit Messaoud dû changer de nom – et de coiffure! – afin d'être accepté par Georges (Gérard Depardieu, gargantuesque), le mari de Gisèle (exquise Nathalie Baye), la dame qui l'adopta, et toute la petite communauté qui n'aimaient pas beaucoup les Arabes.

Rappelant par moments l'atmosphère de Jour de fête de Tati, de même que Jean de Florette de Berri, Michou d'Auber dévoile, à l'instar d'Indigènes de Rachid Bouchareb et Nuit noire d'Alain Tasma, dévoile quelques pages occultées de l'histoire de France sans jamais jouer la carte de la nostalgie ni tomber dans le pathos. Il y a bien quelques excès, mais dans l'ensemble, les personnages sont présentés avec dignité, notamment le père de Messaoud, interprété sobrement par Mohamed Fellag. Malgré les références à la guerre d'Algérie, la participation des Arabes aux deux grandes guerres et aux meurtres de la nuit d'octobre 1961, sans parler des extraits de discours du général de Gaulle, Gilou se défend d'avoir fait un film politique : « C'est un film sur l'enfance, qui raconte les souvenirs de mon ami Messaoud que je connais depuis 20 ans. »

Au cours de mon entretien avec le réalisateur, ce dernier m'a révélé vouloir faire un film sur les autochtones : « Si vous ne parlez jamais de ça, vous n'aurez jamais un pays transparent. » Vous pourrez lire cette entrevue lors de la sortie du film en octobre. D'ici là, vous pourrez toujours passer à Tremblant pour venir voir Michou d'Auber ce samedi à 21 h 30, au Centre des congrès.