Ce dimanche, à 19 h, au Cinéma Impérial, l'acteur français Bernard Farcy viendra présenter Taxi 4, de Gérard Krawczyck, d'après un scénario de Luc Besson, et mettant en vedette Sami Naceri et Frédéric Diefenthal.
Qui c'est, ce Farcy? Eh ben, c'est l'acteur qui incarne le loufoque commissaire Gibert dans la célébrissime franchise imaginée par Besson, personnage que l'acteur qualifie élégamment de «poétiquement infantile». Farcy, c'est aussi Barbe-Rouge dans Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre. C'est aussi un acteur que vous avez vu chez Blier (Notre histoire, Tenue de soirée) et Blanc (Marche à l'ombre, Grosse fatigue). Bientôt, on le verra dans Nuits cannoises de Christian Vandelet où il interprète un producteur de films au côté de Sara Forestier. De tous les rôles qu'il a interprétés, c'est toutefois Gibert qui lui colle à la peau.
«On sait très bien qu'on n'a pas fait du Brian de Palma, confiait l'acteur rencontré vendredi dernier. On sait très bien qu'on n'a pas fait du Chaplin, on sait parfaitement bien que ça ne s'inscrira pas dans l'histoire du cinéma comme un événement majeur. Cependant, en faisant ce qui était l'objectif poursuivi, c'est-à-dire, faire un film de distraction, d'action et de comédie, on a réussi à drainer 27 millions de spectateurs en France sur une population de 60 millions. Ça ne peut pas être par hasard, ça ne peut pas être dans l'air du temps puisque ça s'est passé sur 10 ans.»
L'acteur poursuit: «Il y a 10 ans, personne n'avait la moindre idée que ce film allait connaître autant de succès, le plus grand succès en France, en comédie. Je crois que Besson a bien compris le cinéma de son temps en faisant ce film avec des jeunes gens, en choisissant un beur, alors qu'il y avait des problèmes avec les gens de banlieue, jumelé à un flic. Il a réussi à réunir quelques personnages qui allaient tous dans le même sens.»
Né en 1987, dans le premier volet réalisé par Gérard Pirès, faisant de l'équipe du film les rois de Marseille (les Marseillais étant très heureux de voir leur ville à l'écran), Gibert a tant fait crouler de rire des millions de spectateurs, que ce dernier a pris de l'importance d'un chapitre à l'autre.
«Mon personnage en est un farfelu, qui met beaucoup de zèle et d'énergie à élaborer des stratégies qui ne marchent jamais, à cause d'Émilien. J'ai beaucoup apporté de tournures de phrases, par exemple "Est-ce que je me suis fait bien compris?". Comme il pense vite, il fait beaucoup de contractions et mêle les mots: "Qu'est-ce que tu vous foutez?" C'est ça le personnage, son trait de caractère, ça m'est venu spontanément. En comédie, c'est le timing, le temps exact, qui compte.»
Ainsi, dans Taxi 4, le commissaire gaffeur rivalise sérieusement avec le tandem que forment le flic Émilien et le chauffeur de taxi Daniel, Besson et Krawczyck ayant même concocté une finale rappelant celle de Scarface de Brian de Palma où l'acteur s'en est donné à coeur joie malgré les difficultés techniques. À quand un film ou une série axée principalement sur Gibert?
«Je suis très étonné que personne n'en ait eu l'idée en France. Je serais flatté de pouvoir incarner un personnage central un peu spécial, sans copier Gibert, car je crois que je peux interpréter différents styles de comédie. Si j'avais été producteur, j'aurais dit: "Ce type-là, il faut en utiliser le potentiel". Peut-être que ça viendra. et si ça vient du Canada, je viendrai tourner avec plaisir, car, à part le temps [NDLR: il pleuvait beaucoup ce jour-là], tout me plaît ici.»
À l'aise dans le registre comique comme un poisson dans l'eau, Farcy n'aime pourtant pas spécialement la comédie. D'ailleurs, l'acteur au physique imposant, qui a débuté au cinéma dans La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beinex, a prouvé qu'il excellait dans le drame puisque son interprétation du général de Gaulle dans Le Grand Charles, téléfilm vu par 12 millions de spectateurs, lui a mérité une mise en nomination aux Emmy Awards.
«Je fais de la comédie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Je suis content d'avoir cette capacité qui s'est révélée au travers des films. Dans la vie, je pense que j'ai quand même un peu d'humour et un peu du sens de la dérision, parce qu'il faut un minimum d'ingrédients pour faire de la comédie. mais c'est vrai que ça me fait rarement rire. En fait, je me réfère à aucune école ou acteur comique, c'est peut-être pour ça que je vais chercher au fond de moi-même, sans faire appel à la convention, sans essayer de faire rire. J'essaye d'être vraiment sincère dans la situation; si celle-ci est bien écrite, si elle est drôle, il suffit d'y croire. Je ne veux pas donner de leçon, mais les acteurs qui cherchent à tout prix à faire rire se trompent. Je crois que c'est à cause de ce genre d'acteur que je n'aime pas trop la comédie.»
Enfin, l'acteur préparera-t-il un petit numéro pour ses fans qui viendront voir Taxi 4 dimanche soir? D'avouer Farcy, dont il s'agit de la première visite au Québec : «Je n'ai rien préparé, je vais remercier tout le monde, car je ne suis pas un comique. Je ne suis pas Gibert, mais dans la rue, les gens, surtout les jeunes, m'identifient à lui, bien qu'ils fassent une petite différence. On me crie "Banzaï!", "Con nichon ah!", "Taxi!", etc. Ça me fait très plaisir tout ça, mais je préfère qu'on me considère comme un acteur plutôt qu'un personnage.»