BloguesCinémaniaque

TIFF 2007 : Palmarès

Continental, un film sans fusil

À cause d'un poignet mal en point et de bien d'autres textes à écrire, dont ma rencontre avec l'homme qui a serré la main du diable, celui qui l'incarne et celui qui a dirigé le tout, me voici donc à vous offrir le palmarès quelques jours après la fin de la 32e édition du Festival International de Toronto. Êtes-vous prêts ?

Alors que plusieurs films portant sur la guerre, dont Redacted de Brian de Palma, récipiendaire du Lion d'argent que j'ai malheureusement manqué, et In the Valley of Elah de Paul Haggis, qui m'a laissé plutôt indifférente malgré le jeu touchant de Tommy Lee Jones en père inconsolable, sur des génocides, tels Shake Hands with the Devil de Roger Spottiswoode, trop près du téléfilm à mon goût, et Darfur now de Ted Braun, que j'ai également manqué, ou sur la vengeance, comme The Brave One de Neil Jordan, que je n'ai pas envie de voir même si j'aime bien Jodie Foster, et Reservation Road de Terry George, pour lequel Mark Ruffalo mériterait un oscar, ont fait beaucoup de bruit, un film fait de longs silences éloquents a réussi à faire sa marque.

Ainsi, huit ans après avoir obtenu une mention spéciale du jury au Festival de Toronto grâce à son court métrage Karaoké, le réalisateur Stéphane Lafleur s'est vu remettre samedi dernier le Prix du meilleur premier long métrage pour le formidable Continental, un film sans fusil ; ce film est produit par la boîte micro_scope, celle à qui l'on doit aussi Familia de Louise Archambault qui avait partagé ce prix avec The Life and Hard Times of Guy Terrifico de Michael Mabbott en 2005.

Formé de la réalisatrice Jennifer Baichwal (Manufactured Landscapes, de l'acteur Colm Feore, du producteur Roger Frappier et du directeur artistique de la Quinzaine des réalisateurs Olivier Père, le jury a salué ce film «porté par une vision singulière, d'une beauté subtile et épurée et d'une maturité cinématographique étonnante pour un cinéaste si peu expérimenté».

Afin de nous faire patienter jusqu'à sa sortie en salle, prévue pour le 9 novembre, le Festival du Nouveau Cinéma a eu la bonne idée d'inclure dans son programme ce bijou de film qui se retrouvera sans doute dans bon nombre de palmarès de fin d'année.

S'étant fait coiffé à l'arrivée en 2005 par C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée, David Cronenberg a pour sa part remporté le Prix du public avec son percutant thriller Eastern Promises, devançant Juno, du Montréalais Jason Reitman, et Body of War, documentaire sur la guerre en Irak du célèbre animateur américain Phil Donohue. Il semble donc que bien qu'allégé de quelques minutes, L'Âge des ténèbres de Denys Arcand, qui fait ses débuts prometteurs à Paris, n'aura pas réussi à séduire tout à fait. Une histoire à suivre. Pour citer l'un de mes charmants confrères : « J'ai donc hâte que le DVD soit sorti pis qu'on n'en parle plus ! »

Celui qui sera du 22 septembre au 3 octobre l'objet d'une rétrospective au Cinéma du Parc, où l'on pourra notamment voir l'étrange Brand Upon the Brain, le Manitobain Guy Maddin, a récolté le Prix du meilleur film canadien pour My Winnipeg, lequel sera au programme du FNC. Le Jury de la FIPRESCI a élu La Zona de Rodrigo Plà, revenu de la Mostra avec le Lion de la meilleure première oeuvre, tandis que les journalistes présents au festival ont jeté leur dévolu sur Cochochi, une coproduction canado-britannico-mexicaine d' Israel Cárdenas et Laura Guzmán. Aurons-nous la chance de les voir sur un écran près de chez nous?

Enfin, le Prix du meilleur court métrage canadien a été décerné à Pool de Chris Chong Chan Fui, réalisateur canadienne malaysienne. Quant à mes coups de coeur personnels, je vous recommande chaleureusement l'élégant et sulfureux Lust, Caution d' Ang Lee, le magnifique Atonement de Joe Wright, le surprenant I'm Not There de Todd Haynes, dont je découvre le génie au fur et à mesure que j'en apprends sur Bob Dylan, et, bien sûr, le film de Stéphane Lafleur.

Je suis fatiguée de mes 10 jours là-bas, mais j'ai déjà hâte à l'an prochain. Une vraie drogue, ce TIFF.

P.-S. : Mon ami Pat n'a pas tellement trippé sur le dernier film qu'il est allé voir à Midnight Madness, Dainipponjin de Hitoshi Matsumoto. Son verdict : « C'était spécial.» Si j'ai bien compris, c'avait l'air d'un Ultraman ultra-poche un peu scato sur les bords.