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L’Âge des ténèbres : Pus capable!

L'Âge des ténèbres

La semaine dernière, Louis-Bernard Robitaille de La Presse rapportait que le dernier film de Denys Arcand avait été accueilli chaleureusement par le gratin parisien lors de l'avant-première au cinéma Gaumont des Champs-Élysées. Or, comme ce correspondant à Paris le soulignait, cela ne «garantit rien pour la carrière du film».

Eh bien si les Bernard Pivot, Antoine de Caunes, Lambert Wilson et autres ont semblé aimé le film, c'est tout le contraire pour la critique française. Ainsi, si vous allez sur le site AlloCiné, vous pourrez y trouver des extraits de critiques pas trop chaleureuses :

«Denys Arcand surcharge la barque du pessimisme démonstratif, au risque de noyer ses personnages et de faire sombrer son histoire.» Télérama

«L'humour, la fantaisie, l'imagination qui ici et là agrémentent le scénario incongru se perdent le plus souvent dans un bric-à-brac trop désordonné pour être efficace.» Ouest France

«Marc Labrèche est excellent dans un rôle en constant dérapage contrôlé. Mais on reste dubitatif face à une séquence moyenâgeuse qui n'apporte pas grand-chose à ce film désespéré.» Le Parisien

«On sourit trop rarement devant cette farce kitsch et potache.» Première

«Aucun gag ne fonctionne et, faute de finesse, tous les excès du film se retournent contre lui. A trop forcer le trait, il finit grossier et caricatural (…) C'est bête, interminable et désolant.» TéléCinéObs

«Une comédie qui séduira les vieux cons et les amateurs de confiture. Les autres, s'abstenir.» Les Inrockuptibles

«Misogyne autant que misanthrope, réglant leur compte de façon caricaturale aux services sociaux québécois (…), douteux dans son attaque sommaire contre le politiquement correct, le film de trop d'un auteur claquemuré dans une rancoeur stérile.» Le Nouvel Observateur

Parmi les moins sévères : «Denys Arcand (…) boucle sa trilogie en posant un regard acerbe et désenchanté sur notre société. Il le fait avec humour et férocité, évitant soigneusement de tomber dans le pamphlet réactionnaire (…) Du coup, le message de ce dernier épisode passe mieux.» Le Figaroscope

«Jamais bien fins, jamais bien drôles, mais parfois bien vus, les gags s'enchaînent, sur le ton doux-amer si caractéristique de l'auteur du "Déclin de l'empire américain".» Le Monde

C'est le producteur français du film Dominique Besnéard qui sera pas content, lui qui avait craché sur mes confrères québécois en les traitant de merdeux ou de fouille-merde sous prétexte qu'ils n'avaient pas crié au génie en sortant de la projection. Cela dit, alors que j'ajoute moi aussi mon grain de sel au tintamarre ambiant, j'en ai marre d'entendre parler de ce film.

Pourrions-nous attendre au mois de décembre pour en parler? Y a quelqu'un qui pourrait m'expliquer tout ce dérapage? Serait-ce une campagne de promo maladroitement orchestrée? La faute des journalistes? Il me semble qu'il ne se passe pas une journée sans qu'on parle de ce film. C'est Paris Hilton qui va être jalouse.

Il y a d'abord eu l'épisode « Ira-t-i ira-t-i pas à Cannes », la sortie en salle prévue en mai reportée en décembre, l'accueil «trop tiède» que lui a réservé la presse québécoise à Cannes, idem au Festival de Toronto, puis les 1001 versions du film, bien que le cinéaste lui-même avait affirmé que la version projetée au Festival de Cannes était la version définitive.

Depuis quelques jours, plusieurs déplorent, au grand dam de la toute-puissante productrice Denise Robert, la sortie à Grande Prairie afin que le film soit éligible aux Oscars. Entre vous et moi, j'en ai rien à foutre que les Albertains voient le film avant nous, ce qui me chicote, c'est que ce ne soit pas l'excellent premier long métrage de Stéphane Lafleur, Continental, un film sans fusil, qui ait eu l'honneur de représenter le Canada aux Oscars.

Lorsqu'on pense que ça va se calmer, voilà qu'à la conférence du Festival du Nouveau Cinéma, l'on reçoit parmi la pile de communiqués de presse un nous indiquant que L'Âge des ténèbres fera l'objet d'une présentation spéciale (date à confirmer). Comme si ce n'était pas assez, on nous annonce que Marc Labrèche animera la soirée d'ouverture, où l'on présentera Durs à cuire de Guillaume Sylvestre, tandis qu'Arcand sera l'hôte de la soirée de clôture, où sera présenté le récipiendaire de la Palme d'Or (bien méritée!), 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu.

Au fait, saviez-vous que la productrice était membre du C.A. du FNC? «Parlez-en mal, parlez-en bien, mais parlez-en!» Pas sûre qu'à long terme ça servira le film. Ce matin, je parlais avec une collègue qui me disait qu'à force d'en entendre parler, ça lui avait donné le goût de boycotter le film. Comment pourrais-je la blâmer? N'ayant pas le courage ni la patience de mon cher confrère de La Presse Marc-André Lussier, je n'ai plus du tout envie de le voir une seconde fois afin de pouvoir rendre compte si les modifications apportées l'auront réellement amélioré. Je refilerai la mission à un autre. Kevin, tu es là?