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FNC 2007 : Porc frais

Tel que promis, je vous reviens avec mes impressions sur Durs à cuire de Guillaume Sylvestre. Comme j'avais entendu beaucoup de bien à propos de ce documentaire, je salivais impatiemment alors que sur la scène de l'Impérial Marc Labrèche, le maître de cérémonie, Claude Chamberlan, truculent directeur de la programmation du FNC, les chefs Martin Picard et Normand Laprise, de même que leurs sous-chefs respectifs Hugue Dufour et Charles-Antoine Crète, buvaient du champagne à même le goulot quelques minutes avant la présentation du film – à côté de la ministre de la Culture Christine St-Pierre, qui a préféré demeurer sobre.


Charles-Antoine Crète
 

Ayant eu à quelques reprises la chance d'observer des cuisiniers au travail (mon papa en était un), j'ai réellement apprécié les scènes où l'on voit Laprise, Picard et cie se démener comme des fous derrière les fourneaux. Sylvestre a bien capté toute la frénésie et l'ambiance survoltée régnant dans les cuisines. Aussi, j'ai trouvé intéressant d'entendre les deux chefs parler de l'importance du choix des produits, de leur volonté de faire évoluer la gastronomie tout en respectant la tradition, de leur volonté de laisser une trace dans l'histoire de notre gastronomie et de la faire découvrir aux quatre coins de la planète. Pourtant, au bout d'une heure, j'en avais ma claque.

 
Hugue Dufour

Filmé et monté de façon très nerveuse (on se croirait à MusiquePlus à ses débuts), Durs à cuire épouse la forme d'un rockumentaire où de virils protagonistes parlent de leur passion en buvant comme des trous et sacrant comme des bûcherons – leur diction devient parfois si laborieuse qu'il faut s'en remettre aux sous-titres anglais. Soit, j'adore l'authenticité, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire.


Martin Picard
 

Serait-ce que Sylvestre n'a pas osé aller plus loin dans ses questions ou qu'il se soit contenter de filmer sans dire mot? Ou bien que nos sympathiques toqués soient avares de confidences? Toujours est-il que bientôt, j'ai eu l'impression que l'on répétait toujours les mêmes choses, comme on le fait si souvent dans la vie, sans approfondir sa pensée.

 
Normand Laprise

Bien que l'ensemble s'apparente par moments à un road movie (on voyage à travers le Québec, puis on se rend à Hong-Kong et en Espagne), le fil narratif est plutôt ténu. Si bien que le tout devient répétitif. Aussi, j'ai trouvé qu'il manquait de sensualité. C'est ben simple, j'ai plus de sensations à lire des critiques de restos qu'à voir ces gars-là mettre la main à la pâte. J'aurais aimé qu'on me parle davantage du plaisir de marier les saveurs, de mitonner des bons petits plats et, surtout, celui de se mettre en bouche toutes ces merveilles. Rappelez-vous ce sublime Festin de Babette, le ludique Tampopo ou l'émouvant Eat Drink Man Woman.

La soirée s'est poursuivie à la Satosphère où j'ai pu déguster du caribou, du wapiti et du requin. Eh oui, bien que mon coeur battait la chamade lorsque le pauvre cochon s'est fait couper les testicules puis égorger (Ah! Ces horribles cris et tout ce sang qui giclait!), je suis demeurée carnivore.