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Cinemania 2007 : Tavernier se souvient de Noiret

Philippe Noiret dans "La Vie et rien d'autre"

Comme vous le savez, Bertrand Tavernier est en ville pour quelques jours, non pour se remettre de l'éprouvant tournage de In the Electric Mist avec Tommy Lee Jones, mais bien pour offrir une leçon de cinéma, ce samedi à 15 h 30, et saluer celui qui fut son acteur fétiche, l'inoubliable Philippe Noiret, que le réalisateur du magnifique La Vie et rien d'autre compare à Gabin, à Finney et à Mastroianni. Tel que promis dans mon texte paru aujourd'hui, je vous révélerai sur ce blogue quelques confidences que Tavernier m'a généreusement confiées lundi dernier. En voici un avant-goût : « C'était quelqu'un qui faisait partie de ces artisans du spectacle qui pensent que le client doit être traité avec respect. Lorsqu'elle avait vu que Philippe était très, très, très malade, Anouk Aimé avait décidé d'annuler la tournée de Love Letters, celui-ci l'avait appeler pour lui dire: "N'annule pas, tu leur dois ça et moi, j'ai choisi Jacques Weber pour me remplacer. Je vais passer deux après-midi avec lui pour lui dire comment jouer avec toi. Tu ne peux pas les abandonner, ils ont payé leur place et tu me remplaceras." C'était pas quelque chose qu'il exhibait, personne n'était au courant de cela, c'était secret. Philippe avait une sorte de religion du travail bien fait et aussi du plaisir qu'on pouvait prendre à ça.» « Il lui est arrivé très rarement d'arriver sur le plateau de mauvaise humeur avec 2000 questions quant à ses motivations, en étant pas préparé. Dans son coin, il avait fait son travail. Sa plus grande politesse, sa plus grande forme de pudeur, consistait à essayer de faire croire que tout cela était facile, qu'il n'avait aucun problème, qu'il ne savait pratiquement pas le texte et qu'en le lisant une fois, il l'apprenait. Il y a des acteurs qui ont cru que c'était comme ça qu'il travaillait et qui ont essayé de faire la même chose, mais eux se plantaient et lui pas, car en fait il avait énormément travaillé. Il ne voulait jamais, et ça dans un métier où beaucoup de gens se font une religion de dire "Ah, c'est dur, mais on va le faire !", lui il disait toujours "c'est très, très facile, il n'y a pas de problème". Il rendait le jeu facile comme Sinatra donne l'impression qu'il chante comme ça, sans avoir répéter. Comme Mastroianni et Albert Finney, Noiret était de ces gens qui savaient instinctivement s'adapter sans montrer au monde entier que c'est très, très difficile.» À venir, au cours des prochains jours, des souvenirs de plateau de La Vie et rien d'autre (6 nov., à 18 h 45), de L'Horloger de St-Paul (4 nov., à 12 h 45) et de Coup de torchon (3 nov., à 13 h).