BloguesCinémaniaque

Des rides : en avoir ou pas?

Tout à l'heure, je suis tombée sur une chronique de Marie-Claude Lortie de La Presse qui parlait de la surprise qu'elle a eue en voyant sur la couverture d'un magazine le visage sans âge de la productrice de L'Âge des ténèbres, Denise Robert, qui, bien qu'elle ne les accuse pas, a tout de même 57 printemps. « Photoshop? Botox? Chirurgie? », demande la chroniqueuse.  

En montrant la photo à ses collègues, l'une d'elles lui aurait répondu : «Nous les femmes, c'est toujours perdant-perdant. Tu perds si tu es ridée, tu perds si tu triches.» Là-dessus, Nathalie Petrowski lui aurait raconté que lors de son interview avec Isabelle Adjani, celle-ci aurait bien voulu « photoshopper » ses photos à l'instant où elles étaient prises si cela avait été possible.   Lortie termine son article sur cette réflexion : «Quand des adolescentes jeûnent pour faire comme les stars ou pour un lucratif contrat de mannequin, on peut accuser la méchante machine de la mode et de la pub de profiter de leur fragilité.

Mais quand des femmes de 50 ans cherchent par tous les moyens possibles à ne pas être ce qu'elles sont, on ne peut plus accuser les marchands de rouge à lèvres de nous forcer à avaler ces images. Ce sont les femmes elles-mêmes qui se mentent et s'emballent. Et il n'y a qu'elles qui pourront amorcer un changement.» 

Ouais, sans doute, mais regardez ce que le cinéma nous renvoie de l'image du couple. On laisse les jeunes premiers vieillir allègrement – c'est si beau un homme avec des rides d'expression et des tempes grises! – alors que d'année en année, la partenaire qu'on lui décerne à l'écran rajeunit de plus en plus. Jusqu'à ce que celle-ci ait l'âge d'être la fille du vieux beau. J'haïs donc ça quand c'est deux poids, deux mesures! Mesdames, vous aimeriez frencher votre père? Pas moi, ça fait longtemps que j'ai résolu mon complexe d'Œdipe. J'ai toujours un malaise quand je vois un vieux schnock jumelé à une fille de la moitié de son âge. Je sais bien que l'amour n'a pas d'âge, mais quand même…  

Pendant que les jeunes premières envahissent l'écran, les actrices plus mûres disparaissent dans la brume pour parfois revenir sous la forme d'une vague caricature de leur jeunesse. Rares sont celles qui osent arborer leurs pattes d'oie. Et ça commence parfois très jeune. Prenez Nicole Kidman, beauté sublime de 40 ans. La pauvre voulant demeurer dans le coup est tellement botoxée qu'elle a le front lisse d'une enfant et affiche un air perpétuellement surpris et un sourire figé.  

À Hollywood, il paraît que les réalisateurs s'arrachent les cheveux tant il y a d'actrices remontées et botoxées. Plus moyen de faire en sorte que leur visage affiche la moindre expression. Comment les blâmer de détruire ainsi leur beauté vieillissante si elles sentent que la grosse machine hollywoodienne ne veut plus d'elles… Sera-t-on surpris le jour où tous les acteurs apparaîtront au grand écran en animation 3D comme dans Beowulf… 

Vous me direz que Denise Robert n'est pas une actrice et qu'elle n'a donc pas besoin d'avoir recours à toutes sortes d'artifices pour préserver sa jeunesse, mais lorsqu'on fricote avec les gros bonnets du cinéma américain ou que l'on foule le tapis rouge auprès de jeunes starlettes européennes, la tentation doit être grande. Tout de même, comme le souhaite Marie-Claude Lortie, ça serait bien que les femmes acceptent de vieillir. Ainsi, ça empêcherait peut-être les actrices de se transformer en freak show et à nous-mêmes d'éviter un jour d'avoir l'air de Faye Dunaway ou de Joan Rivers. M'enfin, on s'en reparlera quand je friserai la cinquantaine…

Dernière heure: Oups! Madame Robert a fait savoir à Marie-Claude Lortie qu'elle était loin d'avoir 57 ans… Mille excuses! La journaliste s'était fiée à un document fautif et moi, à la journaliste. Cela dit, je ne peux vous révéler l'âge de la productrice puisque celle-ci préfère le taire.