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Philippe le bien-aimé

Je viens de terminer, non sans émotion, les conversations de Philippe Noiret avec Bruno Putzulu dont je vous ai parlé la semaine dernière. Plus anecdotique et moins riche que Mémoire cavalière, autobiographie de Noiret, Je me suis régalé, expression fétiche de ce grand amoureux de la vie, nous présente un Philippe Noiret au crépuscule de sa vie.

Se sachant déjà très malade, Noiret s'entretient l'interprète de son fils dans Père et fils de Michel Boujenah avec humour, pudeur et élégance, trois mots qui viennent souvent ponctuer les échanges que Putzulu a poursuivis après la mort de l'acteur avec sa femme Monique Chaumette, sa Chonchon qu'il adorait et qui l'a littéralement mis au monde, et Frédérique Noiret, sa fille unique avec qui il s'est réconcilié après quelques périodes houleuses.

Leurs sujets de prédilection? Le travail d'acteur, le théâtre et le cinéma, la bonne bouffe, les femmes, l'amour, la vie… la mort. Honnêtement, je trouvais que Putzulu prenait un peu trop de place, qu'il ramenait constamment la conversation à ses propres angoisses d'acteur, mais la sagesse et la dignité transparaissant des réponses de Noiret faisaient en sorte que je poursuivais avidement ma lecture. En somme, je dirais que le livre de Putzulu s'avère un complément léger mais non moins émouvant à Mémoire cavalière.

Extrait : «Jusqu'au bout Philippe a été conscient de tout ce qui se passait autour de lui. Il a toujours été lucide ça se voyait dans son regard, même quand il avait du mal à parler. Une des dernières choses qu'il m'ait dites en me prenant la main c'est : "On se complique trop la vie, mon grand", je pense souvent à ces paroles-là, dites à ce moment-là de sa vie, elles prennent tout leur sens quand je m'encombre l'esprit de broutilles. Avant que Philippe ne parte, le fait de venir chaque jour le voir a été une grande leçon pour moi car, lors de nos entretiens, il m'avait confié ne pas craindre la mort, me disant qu'il considérait avoir un cycle comme toutes les autres choses au sein de la nature. J'ai tellement peur de la mort, que j'avais du mal à croire Philippe et j'ai été soufflé et admiratif lorsque je l'ai vu, jusqu'au dernier moment, être fidèle à sa philosophie.»