Comme la vie est étrange… Tout à l'heure, alors que j'envoyais un courriel à une copine à propos de Brokeback Mountain, j'en ai reçu un autre d'une amie m'annonçant la mort de Heath Ledger, qui y tenait l'un des plus beaux rôles de sa courte carrière.
En décembre 2005, j'avais été envoyée à New York par Alliance Atlantis afin d'y interviewer Ang Lee et Ledger. Voici en souvenir un extrait du texte :
Macadam cow-boy
À New York, on nous a enfermée dans une suite remplie de reporters de la radio afin de cueillir les réflexions de Heath Ledger. Voici ce que notre magnéto a capté, deux pieds derrière la star, sur le fait…
D'interpréter un personnage gay:
"Malheureusement, je n'ai rien appris sur les homosexuels en incarnant Ennis. En fait, j'aurais pu enseigner sur l'amour à Ennis parce que je suis quelqu'un de très expressif et que j'ai enquêté sur l'amour au cinéma… Cependant, l'amour entre deux hommes, ce n'est pas quelque chose que je pourrais prétendre connaître. Je pense qu'Ennis a beaucoup de potentiel pour l'amour; lorsqu'on le voit avec ses enfants, c'est évident qu'il est un homme rempli d'amour. S'il ne se permet pas de vivre son amour avec Jack, c'est qu'il est plein de rage et de haine envers lui-même."
D'embrasser Jake Gylenhaal:
"Je répéterais ce que Jake a dit aux journalistes à propos du fait de m'embrasser: "C'était une expérience très exfoliante". C'était assez brut, en effet, mais nous avons fait preuve de respect l'un pour l'autre en tournant ces scènes."
D'incarner un couple avec Michelle Williams, sa partenaire à la ville:
"Pour Michelle et moi, jouer un couple qui ne s'aime plus ne nous a pas empêchés de tomber amoureux l'un de l'autre; nous sommes tous deux très professionnels. Contrairement à Michelle, j'ignore toutefois si le fait d'être devenu parent m'a permis de voir mon personnage autrement par la suite; tout ce que je sais, c'est que je suis né pour être père." (MD)
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Au cours d'une table ronde au dernier Festival de Toronto, Michael Caine avait glissé un bon mot à propos de celui qui a prêté ses traits au Joker dans le prochain film de Chris Nolan, The Dark Knight : « Surveillez-le bien dans ce film, ce jeune acteur est fan-tas-tique!»
Pour en savoir plus sur les circonstances de sa mort, rendez-vous sur TMZ.
Salut Manon…
Je suis aussi choquée (dans le sens de sous le choc) que toi et à peu près tout le monde sur la planète actuellement. 28 ans, que c’est jeune… trop jeune…
Tu envoyais un courriel à propos de Brokeback ? Moi, étant à l’écriture de mon premier roman, j’étais en train d’y faire référence dans l’écriture d’un chapitre quand j’ai entendu Paul Larocque annoncer le décès de Ledger. J’ai raturé cette partie de mon chapitre, comme par respect pour l’acteur pour qui j’ai énormément d’estime.
Tous les médias parlent d’overdose, parlent de stupéfiants… mais je ne peux m’empêcher de penser que Heath était en instance de divorce, qu’il devait le prendre très mal (malgré une nouvelle relation – transitionnelle, sûrement), qu’il ne voyait plus sa fillette Matilda comme avant, il devait vivre avec un énorme sentiment d’échec. Le sentiment que j’en ai, c’est que c’est un suicide impulsif. Rien d’autre qu’un autre blizzard dans l’âme, une autre tempête dans un coeur qui avait besoin de repos…
Une bien grande perte pour le cinéma international, Heath Ledger avait énormément de talent… et il avait une belle gueule…
Choc, c’est le bon mot pour décrire l’atmosphère à la rédaction lorsque j’ai crié à la ronde que Heath Ledger était décédé. Comme bien du monde, ça m’a rappelé la mort précoce d’un autre acteur de talent, River Phoenix, de même que le suicide de Simon de La Brosse en 1998, acteur dont j’avais pu apprécier le talent et le charme dans L’Effrontée et La Petite voleuse.
J’étais bien triste en relisant ses propos que j’avais recuillis en 2005: « Je suis né pour être père… » Je me suis rappelée cette journée au Drake Hotel où j’avais harcelé les attachées de presse de New Line Cinema afin d’obtenir une « vraie » entrevue avec lui. À la fin de l’après-midi, je l’avais croisé dans le hall de l’hôtel (je ne me rappelle plus si c’était Michelle Williams qui était avec lui); j’avais été frappée par ses airs timides. Rien à voir avec l’idée qu’on se fait d’un sex-symbole.
Lors de la table ronde, il avait les épaules courbées, la tête penchée en avant, regardait les journalistes avec un air de bête traquée et semblait gêné par son accent australien à couper au couteau. Il disait être heureux…
J’ignore s’il s’agit d’un suicide, d’un appel au secours raté ou d’une surdose accidentelle; je ne sais pas non plus comment il vivait sa séparation. Cependant, lorsque je lis à propos des frasques d’Amy Winehouse, de Britney Spears ou de Lyndsay Lohan, je me dis que la rançon de la gloire est bien cruelle.
P.-S.: Bonne chance avec le roman.
Alors que 2009 est amorcé, il nous fait plaisir de vous faire part des articles et des billets de blogue