Il y a quelques jours, dans mon billet concernant la participation d'Unifrance au 400e anniversaire de Québec, je mentionnais que j'avais assisté à la première d'Astérix aux Jeux Olympiques sans véritablement vous dévoiler ce que j'en pensais… Eh bien, maintenant que la critique française s'est prononcée, je me suis dit que je pouvais bien vous en glisser un petit mot.
Alors qu'Uderzo n'avait pas du tout goûté à l'irrésistible délire déjanté du Mission : Cléopâtre d'Alain Chabat, celui-ci aurait donné sa bénédiction à Thomas Langmann, fils de Claude Berri, producteur des trois Astérix, dont le banal fourre-tout de Claude Zidi, Astérix et Obélix contre César, et Frédéric Forestier, dont la filmo comporte des films tels The Peacekeeper, Le Boulet et Parrains, pour signer cette interminable et ennuyante adaptation d'Astérix aux Jeux Olympiques.
Si les scénaristes s'étaient contenté d'adapter fidèlement la bédé datant de 1968, le film n'aurait duré que 40 minutes (c'est Langmann qui l'a dit!). Pour étirer la sauce, ils ont donc greffé laborieusement une histoire d'amour, laquelle est défendue par le pauvre Stéphane Rousseau condamné à jouer les jolis cœurs, rôle dont il s'accommode assez mollement. L'histoire dit qu'il aurait bien aimé y mettre du sien, mais Langmann ne souhaitait pas que le personnage ait de l'humour. Mal lui en pris.
Je vous évite le résumé (vous l'avez lu ailleurs, anyway), mais laissez-moi vous dire que l'ensemble dure deux heures qui semblent s'égrainer au ralenti. Mon charmant compagnon de droite m'a dit que j'avais regardé ma montre tous les quarts d'heure… Vous imaginez mon désarroi lorsque Thomas Langmann a avoué candidement vouloir rajouter les 25 minutes coupées au montage sous prétexte de nous faire découvrir le potentiel comique de Zizou, qui fait une apparition sans grand intérêt avec Tony Parker et Amélie Mauresmo lors du banquet final – on retrouve également Michael Schumacher et Jean Todt lors d'une course de chars. «Pitié!», que j'avais envie de lui crier.
Des points positifs? Bah… n'ayant jamais aimé Clavier dans la peau d'Astérix, j'ai accueilli avec plaisir la venue de Clovis Cornillac, qui incarne avec aplomb un Astérix plus fringant et sympa que le précédent. À ses côtés, Depardieu est égal à lui-même, c'est-à-dire aussi à l'aise dans les braies d'Obélix qu'il l'était sous le panache de Cyrano – auquel on fait un clin d'œil au départ gentil, puis embarrassant.
Si Delon en César se moquant avec superbe de son propre personnage ravit à la première apparition, il finit bientôt par taper sur les nerfs avec ses "Ave moi!" qu'il répète ad nauseam. Quant à l'interprète de son fils Brutus et rival d'Alafolix (Rousseau), Benoît Poelvoorde, eh bien je lui aurais fait avaler une caisse de Ritalin! Il gesticule, gueule et cabotine tant qu'il ferait passer Roberto Benigni et Jamel Debbouze, qui eux aussi volaient littéralement le show dans les deux autres épisodes, pour deux moines contemplatifs. Less is more, comme disent les Chinois.
Méga-production la plus coûteuse de l'histoire du cinéma français, soit 78M€ (z'avez pas envie de crier au scandale ou de verser une larme pour tous les films qu'on aurait pu tourner avec ce magot???), Astérix aux Jeux Olympiques vient d'apparaître sur 5000 écrans en Europe, dont 950 écrans en France où il aurait attiré 465 000 spectateurs bien que la critique l'ait assassiné (rendez-vous sur Allociné pour en savoir plus). Si ses partenaires ont pour la plupart été épargnés, notre cher compatriote s'est fait ramasser par la critique. Souhaitons qu'il fasse meilleure figure dans Modern Love, comédie romantique chorale dont il partage la vedette avec Alexandra Lamy (Un gars, une fille, version française) que l'on verra sur nos écrans ce printemps.
On veut nous faire passer la chose pour un divertissement familial, mais l'ensemble manque tellement de rythme (devant tant de longueurs, c'est à se demander si Langmann n'aurait pas congédier le monteur… ), les scènes s'enchaînent si mécaniquement et le suspense se révèle si peu emballant que bien des enfants risquent d'être turbulents et peu attentifs durant la représentation, et leurs parents de prier pour le retour à la raison d'Uderzo. Y a pas à dire, le génie, c'était bel et bien Goscinny.
La dernière fois que je suis allée visiter Allociné, on indiquait que la note moyenne du public était de "une étoile". J'ai bien hâte de voir si la tendance se maintiendra. Si c'est pas le cas, sans doute s'en trouveront-ils encore pour traiter les critiques de pisse-vinaigre qui boudent leur plaisir ou, pis encore, d'y voir encore un complot. Le film prendra l'affiche le 11 juillet partout au Québec. Vous m'en donnerez des nouvelles…
Ça donne follement envie d’aller le voir 😉
Personnellement, j’avais adoré la précédente adaptation parce que c’était du pur Chabat. Les Nuls et les Inconnus font partie de ces troupes d’humoristes dont on ne veut jamais rien manquer. Enfin on… disons moi.
Mais le premier Astérix était lamentable, et celui-ci semble donc ressembler davantage à l’enfantillage franchouillardement commercial qu’au superbe délire de Chabat. Merci de me l’avoir épargné !
Ouais, mais anyway, les Astérix depuis la mort de Goscinny…C’était lui le génie effectivement, à part l’épisode Chabat. René Goscinny, un monument de la bande dessinée et de la phrase concise, chargée en un rien de temps.
Je crie donc au scandale et verse plusieures larmes pour tous les films qu’on aurait pu tourner dans l’Hexagone avec ce magot. Ça doit rager chez les cinéastes émergeants.
Bien que n’ayant pas vu le film, je ne suis guère surpris par les commentaires qu’il suscite. Si j’en crois le dernier album d’Astérix (Le ciel lui tombe sur la tête) Uderzo (un grand dessinateur par ailleurs) souffre de gâtisme avancé. L’avantage du film Astérix: Mission Cléopâtre était justement qu’il faisait écho à l’humour et au délire des albums de la période Gossiny. Pauvre René, il doit être fatigué de se retourner dans sa tombe…
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