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In Memoriam : Henri Salvador

Il y a deux ans, jour pour jour, François Desmeules, dont vous pouvez lire l'entrevue avec Jane Birkin cette semaine, interviewait le légendaire Henri Salvador, venu à Montréal afin de promouvoir Le Manège enchanté où il prêtait sa voix de velours au chien Pollux. Connaissant peu Salvador et sachant que mon confrère de la section musique connaissait son œuvre de A à Z, c'est donc lui que j'avais envoyé à la rencontre de celui qui s'est éteint hier à 90 ans. Quelqu'un m'a dit que Salvador avait été plus qu'enchanté de cet entretien… En souvenir, voici un extrait du texte :

"Vous savez, c'est une vie improvisée que la mienne!" lance Salvador avant de dire en quelques phrases ce que des heures et des heures ne sauraient raconter: les sinueuses lignes de vie qui ont poussé ce mulâtre de Cayenne des chansons de Vian au rôle du crabe dans La Petite Sirène des studios de Disney, et maintenant de sa parolière fétiche, Keren Ann, jusqu'à Pollux. "J'ai été garçon de café, coiffeur, aide-comptable. Un beau jour, un cousin m'a apporté deux disques: Armstrong et Ellington. Mon Antillais de père voulait que je sois médecin. Il m'a tout de même acheté une guitare sur laquelle je passais 18 heures par jour… J'ai fait un concours d'amateurs, j'ai gagné. Quel métier formidable en plus, ça rapporte de l'argent!" s'étonne l'icône toujours tirée à quatre épingles qui a passé sa vie dans les inabordables complets sur mesure de Smalto. "Un jour, un pianiste m'a dit: "Tu nous fais marrer, tu devrais essayer ça sur le public." Alors j'ai démarré, fantaisiste. Et puis Canetti, ce type pourri, a quand même eu l'idée de m'endisquer, et voilà… J'ai tout fait. J'ai passé 10 ans à bosser pour Disney… Et maintenant, je suis crooner comme j'en ai toujours rêvé. J'adore ça et ça plaît beaucoup… Y'a Nat King Cole et Sinatra; le reste, c'est tout de la merde! J'en avais marre de faire le rigolo."