Extrait d'un entretien entre Marc Cassivi et Fanny Mallette :
«C'est aussi une question de distribution. Si Continental avait été distribué partout, dans les gros cinémas de banlieue, les gens seraient allés le voir. Le problème, c'est qu'ils doivent faire je ne sais pas combien de kilomètres pour venir à Ex-Centris voir un film d'auteur. Qu'on ne s'étonne pas après qu'ils disent que c'est pour les gens du Plateau, pas pour eux qui sont à Terrebonne. Pourquoi un film d'auteur est distribué dans deux salles, dans le même quartier de Montréal? Je ne comprends pas la logique. Ce n'est pas parce que ç'a coûté 1 million qu'il faut le cacher. Au contraire. C'est un beau film. Pourquoi les cinéphiles des banlieues n'auraient pas accès à ça? C'est un non-sens. Pendant la semaine de relâche, on est allés dans Charlevoix et on a été coincés à Beauport parce que la route était fermée. On a voulu aller voir un film avec les enfants parce qu'on était à côté d'un gros complexe. J'ai été découragée. Je voulais voir un film! En rentrant, il y avait des machines à boules partout. On a été bombardés par la pub et par des questionnaires de vedettes américaines.»
Totalement daccord. Je vis en banlieue de Mtl, si je veux voir un film d’auteur, soit je prévois un minimum de trois heures voire une demi-journée au total pour aller en Ville, soit j’attend la sortie DVD(c’est pas toujours le cas!) Alors parfois je prévois une journée entière pour m’en taper deux.
La distribution du film d’auteur est quasi-nulle en dehors de Mtl et (Québec).
Petite consolation quand j’ai pas envie de prendre le métro de Laval:
Le cinéma du Parc offre trois heures de stationnement gratos.
Deuxième consolation bien mince: Le cinéma Tops affiche parfois des films intéressants mais toujours en version française et après leur carrière proprement dite: tenez hier soir j’y ai vu « Le scaphandre et le papillon » de J. Schnabel (excellent en passant) et ya « Les cerfs-volant de Kaboul » ainsi que « L’âge des Ténèbres » à l’affiche.
Tout de même ahurissant de voir une agglomération telle Laval, offrir si peu.
On devrait obliger les exploitants de salle à consacrer au moins une salle à la diffusion du cinéma d’auteur d’une part,(comme l’a suggéré Guylaine Tremblay à TLMP), et les distributeurs à un certain pourcentage de films dits non-commerciaux d’autre part.
Mais ça, c’est sans doute rêver bien haut.
Cher Yvan,
Quel beau rêve vous avez… Malheureusement, c’est l’argent qui mène le monde.
Très souvent, je reçois des « appels à l’aide » des rédacteurs en chef des régions parce qu’aucun film intéressant ne sort dans leur coin. Trop souvent, ils sont contraints de publier des critiques de films ordinaires ou médiocres. Dans ce temps-là, j’ai mal à mes régions privès de bon cinéma.
Dommage que trop d’exploitants de salle ou de distributeurs croient que les gens habitant hors de Montréal ne carburent qu’aux blockbusters. Ne pourraient-ils pas faire preuve de plus d’audace en y présentant plus de cinéma d’auteur, plus de films étrangers? Ça pourrait créer une habitude chez les cinéphiles hors de Montréal.
Parfois, la distribution d’un film en région dépend du succès qu’il aura à Montréal. Bon pas bon, si le film connaît un succès modeste, exit les régions qui devront attendre patiemment sa sortie en DVD. L’argent, toujours l’argent…
Bien d’accord avec les derniers propos de Manon qui vise justement en plein coeur du problème…
Et oui, c’est l’argent qui mène le monde, et les multiplexes de banlieues sont là pour le confirmer. Le malheur, c’est que la tendance continuera, puisque tout est conçu en fonction de plaire au public cible, c’est-à-dire les jeunes d’un groupe d’âge que je situerait environ de 12 à 24 ans… et qui constitue la quasi-majorité de la clientèle de ces salles.
Il n’y a qu’à pénétrer dans une ces monstruosités architecturales, comme le Star Cité coin Viau et Pierre de Coubertin, qui a des allures de véritable astronef tout droit sorti d’un épisode de Goldorak où, arrivé à l’intérieur, nous sommes littéralement bombardé par une pollution sonore et visuelle, avec musique électronique tonitruante, des faisceaux de lumière défilant un peu partout, et le cling-cling-clang-clang des jeux vidéos de l’arcade. Pas un environnement très propice à l’épanouissement d’un cinéma d’auteur ou de répertoire…
Cela dit, je fais partie de ces malheureux cinéphiles avertis habitant en banlieue qui doit aussi effectuer un véritable périple vers le Plateau ou le Centre-Ville lorsque vient le temps de m’offrir une sortie cinéma vers une salle affichant un des films qui m’intéresse vraiment. Il semble que ce soit le lot des habitants du 450 qui, contrairement à la croyance populaire montréalaise, ne sont pas tous des idiots finis.
Mais ça c’est une autre histoire… 🙂
On a mal à nos régions, privées de bon cinéma.
Dès qu’on quitte l’île de Montréal, c’est le désert.
Le Star-Cité me fait penser au Colossus de Laval, 22 salles et le seul film non-commercial est le dernier des Cohen. Mieux que rien, mais quand on y pense deux minutes…
C’est triste, mais c’est ça la réalité des cinéphiles hors-Montréal, que ce soit 450 sud ou 450 nord…