Balasko en Duras
J'ai découvert Les Bronzés sur le tard (en fait, j'ai vu les deux premiers volets juste avant la sortie du troisième…), mais ceux qui me connaissent savent que je suis une fan finie du Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré, que j'ai découvert par hasard il y a une vingtaine d'années en ouvrant la télé. Le film commençait à peine, on y voyait Gérard Jugnot, en costume de Père Noël, se faire dire par un Père Noël africain avec un accent gros comme ça « si tu n'arrêtes pas, on va te taper ! » Je ne vous dirai pas que le coup de foudre fut immédiat, mais disons que l'humour caustique et irrévérencieux de la bande du Splendid m'avait assez plu. D'ailleurs, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai revu ce film qui me fait toujours autant rire et dont je connais les répliques par cœur.
Au cours des années, j'ai eu la chance de rencontrer quatre membres du Splendid. Il y a eu tout d'abord Gérard Jugnot, lorsqu'il est venu à Montréal présenter Monsieur Batignole et une deuxième fois au FFM pour Les Choristes de Christophe Barratier (cette fois-là, il m'avait dit « Mais je vous connais! »; vérification faite auprès de quelques confrères, l'interprète de Félix aurait une excellente mémoire). En 2006, pour la sortie des Bronzés 3, j'ai pu m'entretenir au téléphone (quel dommage!) avec Thierry Lhermitte – j'avais une extinction de voix et j'ai bien failli perdre connaissance en raccrochant tant j'avais forcé ma voix pour me faire entendre.
En septembre dernier, au Festival de Toronto, j'ai pu interviewer Michel Blanc pour Le Deuxième souffle d'Alain Corneau; le film devait sortir ce mois-ci, mais sa sortie a été repoussée à une date indéterminée. En février, je l'ai rencontré de nouveau alors qu'il est venu présenter à Montréal Les Témoins d'André Téchiné. À l'instar de ses camarades du Splendid, l'acteur avait fait montre de générosité, de charme et de courtoisie.
La semaine dernière, c'était au tour de Josiane Balasko, le lendemain de la première de L'Auberge rouge de Gérard Krawzcyk au Cinéma Impérial (à lire demain). Entre nous, elle semblait épuisée de répondre aux mêmes questions sur le film (je l'ai entendu dire qu'elle donnait des entrevues depuis 8 heures et il était presque 16 heures…). Cependant, lorsque je lui ai mentionné avoir été soufflée par son interprétation de Duras dans J'ai vu tuer Ben Barka de Serge Le Péron, son visage s'est illuminé. Voici ce qu'elle m'a confié.
«Lorsque Serge Le Péron m'a demandé de jouer Marguerite Duras, j'ai été étonnée, mais je me suis dit pourquoi pas, je peux très bien jouer Duras. J'ai des affinités avec cette femme même si je n'ai pas la réputation d'être une intellectuelle. Je suis une femme qui travaille, qui fait des choses, qui est indépendante, et Duras à sa manière était quelqu'un de très indépendant. Et d'ailleurs, on a eu tellement de plaisir à tourner ensemble que Le Péron a écrit pour moi un film que j'ai terminé vendredi dernier pour TF1 sur une partie de la vie de Françoise Dolto.»
Ça vous plaît ce genre de rôles, vous qu'on associe instantanément à la comédie?
«Oui, et moi je n'aurais jamais pensé à jouer Dolto, mais lorsqu'il me l'a proposé, et j'ai trouvé effectivement qu'il y avait quelque chose après avoir regardé des DVD. Dans ce film, présente Dolto à 45 ans, après la guerre, lorsqu'elle commence son travail avec les enfants. Les images qu'on a de Dolto, c'est une dame âgée, une grand-mère, mais déjà de voir la grand-mère parler avec beaucoup d'humour et d'énergie, ça m'a inspirée.»
C'est tout de même très loin de la fantaisie de L'Auberge rouge…
«Non, on n'est pas du tout dans la fantaisie, mais elle n'est pas non plus une femme austère. C'était quelqu'un de fantaisiste au contraire…»
Un peu comme son fils Carlos?
«Oui… on disait d'elle que c'était la zinzin qui parlait aux enfants. Elle passait pour une folle à l'époque où la psychiatrie pour enfants consistait à dire qu'un enfant était débile dès qu'il avait des problèmes psychologiques. Elle qui parlait aux nourrissons était considérée par ses pairs comme une zinzin.»
Avez-vous effectué beaucoup de recherches sur elle?
«Non pas tellement, je me suis fiée au script et j'ai lu des bouquins. En fait, j'en avais déjà lu parce qu'en France dès qu'on a des enfants, on lit Dolto! J'ai vu des DVD sur sa vie, ses conférences, j'ai aussi lu des trucs où elle parlait de sa jeunesse.»
Lorsque vous abordez un personnage ayant déjà existé, vous sentez brimée dans la création?
«C'est plus dur parce que Dolto, c'est un personnage contemporain. On ne parle presque pas de sa vie privée, mais plutôt de son travail. Au départ, je commençais à jouer et je me disais que ça n'allait pas parce que j'ai l'accent parisien et que Dolto ne l'avait pas. Il fallait que je reprenne à deux fois avant d'y être…»
Pour en savoir davantage sur ce téléfilm, lisez cet article du Figaro (on y voit Balasko en Dolto).
En janvier dernier, j'étais l'une des invités des Rendez-vous d'Unifrance à Paris où, comme