Ça vient d'arriver dans ma boîte de réception, bonne lecture:
LETTRE OUVERTE… À CEUX QUI SE PRÉOCCUPENT DE L'INDISPENSABLE SURVIE DE RÉSEAU PLUS
Montréal, le 15 avril 2008. Il me semble qu'il ne peut y avoir une seule personne raisonnable au Québec (même parmi les membres de l'Association des propriétaires de cinémas et de ciné-parcs du Québec (l'APCCQ)) pour croire qu'il y a la moindre concurrence entre les salles de cinéma et les salles de Réseau Plus. Puis glisser de «concurrence déloyale» à «question de principe» n'est pas un argument plus convaincant. Loin de là.
Cette argumentation de l'APCCQ est aussi incompréhensible que celle qui avait mené, il y a quelques années, à vouloir sacrifier le Festival des Films du Monde en faveur d'un ‘nouveau festival', avec tout le gâchis qui s'en est suivi, tant au plan national qu'international. On ne peut se permettre un tel deuxième gâchis.
Heureusement, malgré les apparences, tout porte à croire que ce gâchis ne se produira pas. D'abord à cause de la réaction immédiate et claire de la Ministre St-Pierre en faveur de Réseau Plus et aussi parce que je connais trop de gens intelligents et amoureux de cinéma chez les membres de l'APCCQ, (qu'ils soient de Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, Côte Nord, Bas du Fleuve, St-Hyacinthe, Joliette…). La décision de la Ministre de créer immédiatement un comité qui se penche sur la question devrait permettre de trouver les compromis nécessaires pour que soit réinstaurée une harmonie de fonctionnement entre Réseau Plus, l'APCCQ et les distributeurs.
Il faut absolument que nos distributeurs aient accès aux têtes de pont que sont les cinémas de Cinéplex-Odéon Galaxy et autres cinémas programmés par l'Agence Den Hur afin de maintenir la variété de films que réclament les cinéphiles québécois qu'ils soient des grands centres ou des régions. Il est difficile de croire que cette activité parallèle de Réseau Plus ne contribue pas, à la longue, à nourrir le public des cinémas réguliers.
Les films américains occupent déjà de 75 à 80% de notre temps-écran. Ne devrions-nous pas tenter collectivement vers un pourcentage qui soit plutôt de 70 à 75 %?. Il y a tellement de films de grande qualité produits hors USA qui ne trouvent pas place sur nos écrans réguliers!. S'ils y trouvaient place, cela serait bénéfique autant pour les amateurs de «cinéma étranger» partout à travers le Québec que pour le public de nos propres «films nationaux».
Un compromis doit être trouvé sinon nous nous acheminons petit à petit vers la situation qui existe au Canada anglais où le cinéma américain occupe environ 98% (quatre-vingt dix-huit!) du temps-écran avec comme résultat que les films canadiens année après année n'arrivent même pas à s'assurer une moyenne de 1% (un!) du temps-écran et cela malgré des investissements disproportionnés (par rapport au BO des films québécois) de la part des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral. Même le Festival de Toronto n'arrive pas à ouvrir un peu, en fréquentation régulière, la valve du temps-écran pour les films non-américains. Même le «Toronto Film circuit» issu du Festival de Toronto n'y arrive pas. Pourquoi? Parce que les grands circuits ne permettent pas à «Film Circuit» l'accès aux films avant un délai de 3 mois à compter du début de leur exploitation commerciale…
L'abcès qui couvait sous cendres depuis un certain temps, vient d'éclater. Il faut comprendre que c'est un cri de désespoir pour que nous n'en arrivions pas là au Québec. Notre spécificité culturelle nous a permis de maintenir ce maigre créneau de 20 à 25%. Nous ne pouvons accepter de le voir s'amenuiser. Non seulement ça, mais l'APCCQ doit en favoriser son élargissement. Je sais que le pouvoir de «représailles» des grands studios américains vis-à-vis de Cinéplex-Odeon Galaxy est important; que le pouvoir de «représailles» de Cineplex-Odéon Galaxy vis-à-vis de l'APCCQ est important et que le pouvoir de «représailles» de l'APCCQ vis-à-vis de certains programmateurs est important. Mais nous savons aussi que, si un nécessaire compromis est rapidement trouvé, personne ne souffrira de ce pouvoir de «représailles» de l'un vis-à-vis de l'autre. Bien au contraire.
Nous savons aussi que la situation des salles de cinéma n'est pas nécessairement facile : sortie rapide des DVD, VOD, chaînes de tv spécialisées, nécessaire numérisation des équipements de projection… Mais la santé économique des salles ne passe certainement pas par l'asphyxie de Réseau Plus et le non-accès en simultanéité de films de qualité pour les citoyens qui habitent hors des principaux centres.
Rock Demers
Producteur
P.S. : L'APCCQ ne peut quand même pas d'une part, refuser la billetterie ‘comme en France' et, d'autre part, reprocher à la SODEC de ne pas aider à financer un réseau commercial de salles «art et essai» ‘comme en France'!
Instructif, frappant comme une gifle.
C’est une guerre permanente d’obtenir du temps d’écran pour les films d’auteurs sans frontières, courts ou longs, versus les rouleaux-compresseurs made in USA. Il est là le problème en grande partie, depuis longtemps: chez nos amis les distributeurs et proprios de salles frileux et assoiffés de beaux dollars. Sauf que vous avez la responsabilité de projeter une certaine diversité culturelle de par votre pouvoir.
S’ ils réservaient une salle, une seule, la plus petite, pour des films d’auteurs, ils s’en porteraient mieux car la demande est là, en métropole comme en région.
Nous sommes distincts à 20% selon M. Demers, je trouve ça optimiste comme statistique. Le combat est âpre et je comprend les cinéastes de s’en lasser pour faire leur petite affaire dans leur coin en espérant un projecteur. Le travail créatif monopolise les énergies je comprend cela, mais à ne point vouloir « se battre », on est vaincu d’avance sur ce champ de bataille à mon avis. Ils sont où les cinéastes pour parler et s’exprimer sur le sujet dans les grands médias? Ils sont où les cinéastes soi-disant « indépendants » pour se défendre et réagir?
L’initiative de projeter des courts dans certains cinémas(Beaubien entre autres) est un pas en avant.
Quant au 1% du Canada Anglais, c’est LEUR combat, pas le mien.
Toronto et le reste du Canada Anglais peuvent facilement se passer de nos armes et ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer. Si un Festival de la grosseur de Toronto est pas foutu de faire la place au cinéma qui origine de ses terres, ben ya comme un « léger » problème. Qu’ils se démerdent, on en a déjà plein les bras ici.