Voici en vrac quelques propos tenus ce matin à la conférence de presse de Blindness…
Fernando Meirelles, sur le sujet du film: « Lorsque j'ai lu le livre de José Saramago, j'ai été renversé par la précarité de la civilisation. On se croit solide, mais un rien arrive et tout s'écroule. C'est comme si l'on patinait sur de la glace mince. »
Julianne Moore, sur la solidarité entre acteurs: « Nous étions très proches, nous faisions beaucoup de blagues, nous étions toujours ensemble. C'était une vraie communauté et très vite, nous sommes devenus interdépendants. »
F. Meirelles, sur la chance d'ouvrir le festival: « Nous ressentions à la fois un grand honneur et beaucoup de pression. Nous nous demandions dans quel état d'esprit les gens allaient manger après avoir vu un film aussi sombre… »
F. Meirelles, sur la nature du film: « Je vois l'histoire comme une représentation des civilisations, d'où les multiples niveaux du récit. Nous sommes des animaux qui croyons être civilisés et ce film révèle notre vraie nature d'un point de vue à la fois psychologique, philosophique et sociologique. Ce qui me plaît, c'est que Blindness pose beaucoup de questions. »
Don Mckellar, sur le récit: « Tout est à propos de la surface parce que nous sommes que des êtres superficiels. L'idée n'était pas de montrer le côté sauvage de la nature humaine comme dans Lord of the Flies, mais de montrer comment l'être humain cherche à préserver sa dignité. »
J. Moore, sur sa blondeur: « J'ai décidé d'être blonde car je trouvais que mes cheveux roux donnaient trop de caractère à mon personnage. Bizarrement, en éclaircissant la couleur, celle-ci semblait vouloir disparaître, s'effacer. Je ne veux plus le refaire! »
Yoshino Mimura, sur la préparation des acteurs: « Nous avons tous eu un entraînement où nous devions marcher les yeux bandés. A Tokyo, je suis allée dans un hôpital où l'on traite les personnages qui perdent la vue. Ce fut une expérience très dure que de rencontrer ces gens. »
Yusuke Iseya, sur la préparation des acteurs: « C'était une excellente expérience, mais c'était fou que de se retrouver les yeux bandés dans la rue; les sons ne semblaient plus du tout les mêmes. »
Alice Braga, sur le fait de jouer une aveugle: « C'était bizarre de pratiquer les yeux bandés, soit d'être vue sans pouvoir voir. Pour le préparation, le documentaire Black Sun, sur la perte de vue, m'a beaucoup aidée. Un fait très important, c'est que dans le film, nous avions tendance à nous agripper les uns aux autres. »
F. Meirelles, sur Black Sun de Gary Tarn: « Si Blindness a été influencé par quelque chose, c'est bien par ce film que m'avait envoyé Danny Glover et que j'ai par la suite envoyé à tous les acteurs. »
Y. Iseya, sur les dialogues anglais et japonais: « C'était parfois plus facile pour moi de jouer en anglais, car en japonais, nous avons tendance à cacher nos émotions, ce qui n'est vraiment pas le cas en anglais. »
D. McKellar, sur la métaphore du film: « J'ai eu beaucoup de coups de téléphone après l'ouragan Katrina, mais l'auteur ne souhaitait pas que le film soit rattaché à un événement donné. Nous souhaitions faire une métaphore libre sur la négligence des autorités. »
Danny Glover, sur la cécité en nous: « Dans le film, on dit que le fait d'être aveugle éveille la peur d'être invisible. Or, c'est ce qui est arrivé aux victimes de Katrina et c'est ce qui arrive en Birmanie, en Somalie, au Darfour, etc. L'idée du film, c'est la cécité en nous, notre propre inaptitude à voir ce qui se passe autour de nous. »
Gael Garcia Bernal, sur ce qu'il a retiré de l'expérience: « Plonger dans l'univers des aveugles est à la fois libérateur et effrayant. La voix change, la façon de bouger, de marcher. On ne se base plus sur le regard pour comprendre l'autre. J'espère que les chutes ont été détruites, car au début, j'étais terrorisé et je ne savais pas quoi faire. Cela dit, j'aimerais pouvoir répéter ce genre d'expérience dans ma carrière. »
Divers points de vues intéressants. J’ai très hâte de voir ce film.