… et contente-toi de faire des clips! C'est ce que j'avais envie de crier durant la projection de Palermo Shooting de Wim Wenders, le has-been, ou comme me le disait hier soir le toujours nuancé Danny Lennon, le « could-have-been », qui nous a donné Paris, Texas et Les Ailes du désir. Qu'elle est loin cette époque!
Dans cette oeuvre dédiée à Antonioni et à Bergman, dédicace qui a fait beuglé la foule, un photographe (Campino, exécrable dès qu'il s'ouvre la trappe) s'étant rendu à Palerme pour une séance de photo avec la plus qu'enceinte Mila Jovovich (elle-même) découvre qu'un sinistre archer (Dennis Hopper, risible) veut sa peau. Jusqu'à ce qu'il rencontre une jolie restauratrice de fresques (Giovanna Mezzogiorno, qui ne semble pas trop comprendre ce qu'elle raconte)), notre homme croquera des clichés de Palerme en écoutant de la musique. Ce qui nous vaudra de très longues séquences assourdissantes où Campino aura l'air d'un chanteur rock ayant oublié les paroles de ses chansons en plein tournage d'un clip. L'avantage, c'est que durant ces moments, cet improbable croisement génétique entre Claude Legault et Sylvain Cossette ne dira mot…
Je vous épargne la conclusion, des plus prétentieuses et ridicules, où Hopper se moque de son personnage et se permet une critique de l'ère numérique. Je ne épargne aussi le grand embarras que j'ai resenti en voyant Lou Reed apparaître en spectre dans un bar au personage principal… Nous étions plusieurs à ne plus rien attendre de Wenders, mais je vous jure que nous avons été renversés devant ce bel objet pompeux pondu par un poseur de première. Quelle tristesse.