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Karine Vanasse sur Polytechnique

 

La semaine dernière, j'ai rencontré Denis Villeneuve, Sébastien Huberdeau, Maxim Gaudette et Karine Vanasse à l'occasion de le sortie de Polytechnique. Dans les prochains billets, je vous ferai part de quelques propos ne paraissant pas dans la version papier de Voir. Voici d'abord les propos de l'instigatrice du projet, Karine Vanasse, qui y tient le rôle d'une étudiante en génie mécanique.

«J'avais six ans quand c'est arrivé, moi, la première, je veux comprendre! Combien de jeunes aujourd'hui ne savent pas vraiment de quoi il en ressort? Ce qui a beaucoup motivé mon intérêt par rapport à cette tragédie, c'est l'onde de choc, les réactions de la part des hommes et des femmes, de commentaires qui sont sortis de nulle part et qui ont marqué les gens. Les gars ont été marqués par des questions telle "où sont nos chevaliers? ". Dans les lignes ouvertes, certains affirmaient comprendre le geste du tueur; sans doute qu'avec le recul, ils regrettent d'avoir dit de telles choses.

L'automne dernier, avec la sortie du livre de Monique Lépine, on a reconnu sa souffrance; alors que les familles étaient ensemble après les événements, cette femme, qui avait aussi perdu un enfant, s'était retrouvée seule. Depuis, il y a eu un genre de réconciliation lorsqu'elle et les familles des victimes se sont rencontrées.

Le fait que le sujet demeure aussi tabou et délicat encore aujourd'hui, c'est que l'on sent qu'on est allé loin dans certains cas. C'est pour cela que dans le film, nous avons choisi de nous en tenir aux événements, de ne pas embarquer dans le débat politique – il y en a eu un et il existe encore. Juste avec la sortie du film, on repartira dans toutes sortes de directions.

Pour Polytechnique, on avait l'impression qu'il fallait retourner là où on s'était le moins attardé, de s'attacher aux témoignages des étudiants. Dans les jours suivants la tragédie, certains cherchaient leur nom dans les journaux ; ils avaient l'impression d'être victimes, mais n'avaient pas été reconnues comme telles. Il fallait que l'on reconnaisse enfin ce qu'ils ont vécu, donner une voix aux victimes. Denis, c'est ce qui le touchait le plus puisque c'est sa génération. Il y aura sûrement d'autres films sur Polytechnique, celui-ci est un point de vue artistique sur cet événement; je trouve ça rassurant de pouvoir faire des œuvres comme celle-là. Et je suis fière d'y participer.»