Dans Polytechnique, Maxim Gaudette incarne celui qu'on nomme le tueur. Voici ce qu'il avait à dire sur son personnage :
« J'étais âgé de 15 ans à l'époque. J'avais trouvé ça complètement extra-terrestre ; je ne comprenais pas, je ne me l'expliquais pas. Ce gars-là, on ne le connaît pas. Il n'aimait pas les femmes, il était timide… Je me base là-dessus pour le jouer. Je me fie aussi aux témoins qui disent qu'il avait un regard absent. Je pars donc de cela, mais c'est mon interprétation, je n'ai pas fait d'études sur lui pour m'en rapprocher. Je ne voulais pas tomber dans le piège du fou malade, du tueur méchant; c'était plus intéressant de sentir un gars perturbé, un être complexe. J'ai rencontré Nathalie Provost; c'était plutôt spécial, un peu comme si la victime rencontrait son tueur. Bizarrement, c'est moi qui parlais le plus. Son témoignage allait dans le même sens que les autres.
Je ne cherchais pas à l'aimer mais de passer par où il était passé, ce qui était assez troublant quand j'y réfléchis. Juste de manipuler l'arme à feu… concrètement quand j'avais à tirer des balles, la détonation était si puissante, le son, tellement intense. Je jouais avec des bouchons parce que c'était trop fort, mais lui, il n'en avait pas de bouchons. En 19 minutes, il a tiré une soixantaine de balles. Je ne peux pas m'imaginer dans quel état il était. Premièrement, il ne devait plus rien entendre. Physiquement, il était ailleurs, je ne sais pas ce qu'il voyait ni ce qu'il entendait. Ce gars-là ne s'appartenait plus.
Ce que je trouve important dans ce film, c'est que cette violence fasse peur. J'ai de la difficulté avec la violence de certains films dénonçant la violence, car elle semble cool de la façon qu'ils l'illustrent. Je trouvais ça important que cette violence trouble les jeunes. Dans Polytechnique, la violence se situe à un autre niveau; dans Elephant, elle me dérangeait car les assassins semblaient s'amuser comme dans un jeu vidéo. On est en 1989 et le tueur n'utilise pas son arme de façon stylisée. Ce n'est pas l'apologie d'un tueur. J'aurais été bien embêté de me retrouver dans un films sensationnaliste. On a essayé de faire un compte rendu, bien qu'il s'agit d'une fiction, des faits d'une façon sobre et dépouillée.
Dans les médias, c'est plus frappant de mettre la photo du tueur plutôt que celle de la ou des victimes. C'est dur d'expliquer cela, mais il existe ce désir de savoir qui a tué. Je ne crois pas qu'il y a un bon moment pour faire un film comme Polytechnique; pour certains, ce sera trop tôt, pour d'autres non, mais trop tard, je ne pense pas. On n'oblige personne à aller voir le film. Il y en a qui n'iront pas, parce qu'ils trouvent que c'est trop tôt, que c'est inadmissible et c'est leur droit. Je peux les comprendre.»
« Dans les médias, c’est plus frappant de mettre la photo du tueur plutôt que celle de la ou des victimes. C’est dur d’expliquer cela, mais il existe ce désir de savoir qui a tué. »
Probablement la citation la plus intelligente que j’ai entendu à propos de la couverture par les médias des faits divers relatant des actes violents.
D’ailleurs, le soutien au victime est probablement la lacune juridique la plus importante du système judiciaire québécois.
Comme il n’y a pas de sentence magique ou appropriée permettant de « réparer » une telle tuerie, il n’y a pas non plus de formule magique ou infaillible pour aborder cinématographiquement un drame (ou une tragédie, tout dépendant si vous y étiez ou non) comme celui qui s’est déroulé à Polytechnique.
Oui, elle est bel et bien mince la ligne entre le sensationalisme et le drame humain au cinéma américain.
Mais au cinéma québécois ? Je ne crois pas. Enfin, pas encore.
mmm
superbe interprétation !
toute en nuance et sobriété.
on y croit.
un gros bravo !