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Cannes 2009: 26,5 millions de ballons!

Ce matin, à la salle Debussy, nous avions toute une allure… à tel point que Thierry Frémaux, directeur général du festival, a sorti son appareil photo pour croquer ce loufoque portrait de famille – et du coup, saluer l'un des fondateurs de la Fédération internationale des archives de films, Freddy Buache, doyen des festivaliers, présent pour la 54e année sur la Croisette.

La raison de ce drôle d'air? La projection de Up, film d'animation 3D de Pete Docter (Monsters Inc.). Eh oui, ce matin, nous portions tous d'énormes lunettes noires à monture rouge pour savourer ce mignon film présenté Hors Compétition, même la Palme d'Or avait du relief pour l'occasion. Quelle idée de présenter ce genre de film en guise d'ouverture d'un si prestigieux festival, diront certains. Entre nous, je préfère ça à Angels & Demons, pressenti pour ouvrir le festival. Paraît que c'est pire que Da Vinci Code au dire de quelques confrères l'ayant vu. Rappelez-vous l'ouverture désastreuse où, après que le film fut copieusement hué, la pauvre Audrey Tautou avait éclaté en larmes…

Trêve de mauvais souvenirs, passons à ce dit film. Certes, je ne l'ai pas trouvé aussi fort que Ratatouille ni Wall-E, mais je dois dire que je suis tout de même tombée sous le charme de cet adorable grognon (voix d'Ed Asner, dans la version originale, celle de Charles Aznavour dans la version doublée au Québec) qui, alors qu'il est menacé d'aller vivre dans une résidence pour gens âgés attache 26,5 millions de ballons à sa maison – vous saurez plus tard d'où je tiens ce nombre – afin de se rendre en Amérique du Sud où sa femme, décédée depuis peu, rêvait de s'installer comme son idole de jeunesse, un téméraire aventurier accusé de fraude (Christopher Plummer). A son grand dam, un jeune garçon aussi rondouillard que bavard (Jordan Nagai ou Rachid Badouri) se trouvait sur son palier…

Heureux mélange d'humour, d'action et d'émotion célébrant la capacité de savourer chaque moment de son existence, Up séduit par cette longue séquence du début nous racontant la vie que Carl et sa femme Ellie ont vécue. Avec une économie de dialogue et des moments clés de l'existence du couple, Docter et Bob Peterson (co-scénariste de Finding Nemo) réussissent en peu de temps à nous les rendre attachants… à tel point qu'on a la gorge nouée lorsqu'Ellie meurt. Par la suite, l'odyssée aérienne de Carl et du jeune Russell s'avère plus amusante que trépidante, mais bien vite les blagues tournant autour de la meute de chiens parlants – grâce à un collier confectionné par leur mystérieux maître – se révèlent platement répétitifs.

On saluera les effets 3D de cette production de la prolifique écurie Pixar, lesquels ne sont pas une accumulation gratuite de "pop up" devant nous faire sursauter sans nécessairement faire avancer le récit, mais qui plutôt servent à donner l'impression de partager l'espace avec les personnages – comme le sublime Coraline, qui a, hélas!, faire peur à mes petits cinéphiles. Et puis, comment ne pas résister à ces millions de ballons colorés se mouvant avec fluidité et au faciès sévère de Carl, qui, avec ses lunettes à monture noire et ses sourcils en broussaille, me faisait penser à Martin Scorsese? Une façon légère de débuter ce festival qui pour sa 62e édition célèbre le cinéma de genre (horreur, polar, fantastique, comédie sportive, drame de guerre, etc.).