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Cannes 2009: vampire zolien

A la conférence de Ceci est mon sang… de Park Chan-wook, qui met en scène un prêtre devenu vampire (Song Kang-ho) après s'être porté volontaire pour tester un vaccin, on a discuté christianisme, vampirisme et… naturalisme.

D'entrée de jeu, le réalisateur de la jouissive trilogie de la vengeance (Sympathy for Mr. Vengeance, Old Boy, Grand prix à Cannes en 2004, et Lady Vengeance) a eu cette amusante réponse quant à l'idée que le Vatican serait choqué par son film comme il l'a été par Da Vinci Code:
"Si le Vatican s'intéressait à mon film comme au film avec Tom Hanks, j'en serais ravi. En fait, pour les besoins de l'histoire, je cherchais le métier le plus humaniste qui soit et j'ai alors eu l'idée d'un prêtre qui devra s'abreuver du sang des autres pour survivre. Ce n'est ni une critique de l'Église catholique ni une charge contre elle. Je n'ai jamais voulu associer le christianisme au vampirisme, j'ai d'ailleurs appris une fois arrivé ici le titre français du film. Dans une scène, je mets l'accent sur une coupe de vin comme s'il s'agissait d'une coupe de sang, mais c'est seulement une blague."

Sur sa volonté première de faire ce film, il a révélé: "Je voulais filmer les cinq sens. Par exemple, dans la scène où le prêtre découvre qu'il est un vampire, tous ses sens sont accrus, il entend, voit, sent des choses de façon plus puissante que le commun des mortels, mais cela provoque chez lui une grande souffrance."

A propos de son intérêt pour les vampires, celui qui cite Nosferatu de Murnau comme son film du genre préféré pour sa poésie (il aime également le remake de Herzog) avoue: "Habituellement, les vampires sont montrés comme des êtres sensuels à qui leurs victimes offrent passionnément leur sang; cela attire les gens. Je voulais parler du fait de tuer pour sa survie, faire un film esthétique et psychologique où l'on ressent la souffrance et la réalité froide du personnage. Ce dernier ne connaît pas la provenance du sang contaminé, de cette maladie et cela ressemble à notre vie. Ce prêtre obligé de commette le péché de tuer se révèle un reflet de la société."

Enfin, sur la présence de références à Thérèse Raquin de Zola, Park Chan-wook a répondu ceci: "Je suis un grand admirateur de Zola. C'est incroyable que ce jeune homme de 26 ans a pu écrire ce roman qui pose un regard si cruel sur la société. J'aurais voulu pouvoir écrire ce roman. En associant le naturalisme au vampirisme, cela donne un film fantastique et en associant un roman au vampirisme, cela donne un film de vampire littéraire."