C'est ce que plusieurs s'entendent pour dire sur la Croisette, mais il reste encore six jours de compétition… Avec le décevant Thirst de Park Chan-wook, le rigide Bright Star de Jane Campion, l'insupportable Kinatay de Brillante Mendoza, le sympa Taking Woodstock d'Ang Lee, le risible Vengeance de Johnny To et l'indigeste Antichrist de Lars von Trier, force est de constater que le seul rival sérieux d'Un prophète pour l'instant serait Fish Tank d'Andrea Arnold. N'oublions pas toutefois que les Haneke, Resnais et Suleiman n'ont pas encore été présentés…
Sans doute qu'Audiard a eu vent de ces rumeurs, car il affichait un air fort satisfait, frisant parfois l'insolence, à la conférence de presse où il regardait le parquet de journalistes admiratifs derrière ses lunettes noires.
Dans Un prophète, un Arabe analphabète de 19 ans (Tahar Rahim) est condamné à six ans de prison; le chef des prisonniers corses (Niels Arestrup – oui, vous avez bien lu!) le prendra sous son aile: "Ce qui m'intéressait, explique le réalisateur, c'était de me pencher sur les Corses, une entité close difficile à cerner. Je me suis intéressé à leur langue, leurs idiomes, lesquels forment des groupes fermés sur eux-mêmes; cette musique plaisait à mon oreille. Il s'agit d'un milieu vieillissant aux structures vermoulues; le titre se veut ironique, ce n'est pas un prophète qui arrive, mais un nouveau prototype de criminel."
Ayant pu écrire le scénario de Mesrine pour Jean-François Richet (coudons, ça devait pas sortir en janvier chez nous?) alors qu'Audiard et Nicolas Peufaillit peaufinaient celui d'Un prophète, Abdel Raouf Dafri, idéateur et co-scénariste, poursuit: "La proposition corse est choisie sciemment. Après la guerre, de Gaule a choisi les Corses, du côté de la Résistance, plutôt que les Italiens, du côté des collabos. Je voulais se faire affronter les Arabes, qui ne sont pas les bienvenus sur l'île de beauté, aux Corses. Je me suis basé sur l'histoire de mon pays, qui est la France, où il n'y a pas de mafia italienne mais où existe un milieu corse."
A propos de son rôle de Corse, le blond comédien français d'origine danoise se souvient: "Lorsque Jacques m'a approché, je lui ai dit "tu es sûr?" Comme la langue corse est très loin de moi, j'ai beaucoup travaillé avec un coach afin d'apprendre les mots, sentir la musique et ainsi me sentir plus libre. Un prophète me permettait également de travailleur pour la deuxième fois avec Jacques (ndlr: il jouait le père de Romain Duris dans De battre, mon coeur s'est arrêté); ce fut une expérience dure, complexe et hésitante."
"C'était exceptionnel de jouer avec un mythe pareil", s'est exclamé le jeune Rahim à propos de Arestrup. "Nous avions un rapport très sportif, avance le vénérable acteur. Jouer, c'est comme envoyer des balles. On ne peut pas être bien comme acteur si on ne peut pas réagir à quelque chose; Tahar était extrêmement disponible."
Enfin, sur la nature de son film, Jacques Audiard conclut: "Ce n'est pas un film de dénonciation; j'ai traité la prison comme une métaphore de la société où le dehors et le dedans sont la même chose. Ce n'est pas un film de faits de société, car je voulais faire un film de genre. C'est L'Homme qui tua Liberty Valance sans John Wayne." Et dire que j'ai même pas pu le rattraper à une autre séance 🙁
Du jus de chausettes !! ce film est un reportage politique pour essayer de reduire la forte personnalité des Corses , jacquo avait pourtant matiére ,avec l’amitié » maffieuse » d’un roi et d’un clown ,qui pour la protection de son bunker à bronzer monopolise en permanence 15 gens en armes au frais des contrubuables Corses, ça !!! c’est du polar et pas à la petite semaine ,monsieur jacques ,est comme tout le gratin de la cour de France il porte coton !le roi subventionne
Bonjour,
en réaction aux propos tenus sur ce site par le scénariste Abdel Raouf Dafri, je tiens à apporter ici la réponse suivante:
Cinq ans après le film « « Un Long Dimanche de Fiançailles » du cinéaste Jeunet qui permit à des millions de spectateurs d’assister à une scène où on pouvait voir un poilu insulaire tenter de se rendre aux Allemands en criant « Ne me tuez pas ! Je suis corse, pas français ! » (alors même que dans le roman d’origine le personnage incriminé pour sa lâcheté était italien !) c’est en ce moment un autre film, intitulé « Un Prophète », encensé à Cannes par la critique et même déjà promis à la Palme d’Or, qui de nouveau « met à l’honneur » les corses.
Cette œuvre, que le réalisateur Jacques Audiard estime être un « miroir de la société », met en scène un jeune héros d’origine maghrébine, confronté en prison à des prisonniers corses particulièrement abominables de racisme et de violence, qui le réduisent carrément en esclavage. Heureusement, il échappera au joug de ses tortionnaires et, grâce notamment aux détenus islamistes, finira par se venger…
Je n’étais pas sur la Croisette et n’ai donc pas eu l’insigne honneur de profiter de ce « chef d’œuvre » au sujet duquel on aura beau jeu de nous opposer qu’ « il n’est après tout qu’une fiction » et une nouvelle expression de la « liberté artistique ». Ce n’est donc pas le fait que des corses soient protagonistes de ce thriller carcéral qui me heurte, mais bien la tendance de plus en plus systématique ces dernières années à nous dépeindre dans différents supports médias, sans distinguo ni justification aucune, comme une communauté sans valeurs, et plus particulièrement génératrice de racisme et de violence. A ceux qui en douteraient, la preuve de ce comportement délibéré et honteux, nous est apportée sans aucune ambiguité par le co-scénariste Abdel Raouf Dafri, qui à la question de la présence des corses dans le film répond sur internet que « La proposition corse est choisie sciemment. Après la guerre, De Gaulle a choisi les Corses, du côté de la Résistance, plutôt que les Italiens, du côté des collabos. Je voulais se faire affronter les Arabes, qui ne sont pas les bienvenus sur l’Ile de Beauté, aux Corses. Je me suis basé sur l’histoire de mon pays, qui est la France, où il n’y a pas de mafia italienne mais où existe un milieu corse. »
Comment rester de marbre devant un tel charabia, où l’Histoire est revisitée à travers des anachronismes d’une débilité olympique, pour opposer les racistes corses congénitaux aux vertueux islamistes ? Comment affirmer sans crainte du ridicule, que les « arabes » n’ont pas été les bienvenus chez nous, alors même que des dizaines de milliers d’hommes et de femmes venus du Maghreb, aujourd’hui français ou ayant choisi de conserver leur nationalité d’origine, vivent en Corse en toute quiétude ?
Nous avions déjà eu droit par le passé à ce nauséeux procureur des années 70 qui avait cru identifier en Corse le fameux « gêne criminel insulaire», puis à la cohorte d’éditorialistes parisiens et d’artistes en mal de notoriété, qui se sont au fil des ans permis de juger notre île et ses habitants, sans même avoir pris la peine de nous connaître. Si on les laisse se répéter sans réaction, ces raccourcis qui ne sont rien d’autre que du racisme à rebours, vont finir par faire des corses les dépositaires exclusifs de toutes les turpitudes, et donc les boucs émissaires réguliers de la société française.
Alors que faire ? Je pourrais pour ma part, en compagnie de Monsieur le Consul du Maroc organiser un petit safari en Haute-Corse, afin de montrer à Monsieur Abdel Raouf Dafri, à l’abri derrière un 4×4 grillagé, la violence de notre jungle insulaire, mais comme le dit si bien le proverbe « A fà a barba a u sumere si perde savone è tempu !»
Tous autant que nous sommes, élus de toutes tendances et citoyens, nous devons ensemble nous mobiliser afin que cessent ces stigmatisations qu’on n’oserait aujourd’hui opposer à aucune autre communauté en France, sans susciter une levée de boucliers d’associations et de bien-pensants de tous bords.
Et ce n’est pas parce qu’en 1999 une Cour d’Appel de Saint-Denis de la Réunion, sur la base qu’il n’existait « ni ethnie, ni race, ni religion dite « corse » » a refusé de reconnaître le racisme anti-corse, et que depuis cette décision semble faire jurisprudence, que nous avons pour autant vocation à nous laisser insulter impunément. « U troppu stroppia ! » faisons le savoir tant que dureront ces comportements ».
Bien cordialement à vous
Dr Sauveur Gandolfi-Scheit
Député de la Haute-Corse
Merci, monsieur le député ! Appartenant à cette « entité close difficile à cerner », membre « des groupes fermés sur eux-mêmes », et représentant « d’un milieu vieillissant aux structures vermoulues », j’en ai plus que marre de la libre expression du racisme anti-corse dans de nombreux médias ! Alors, merci pour ce coup de gueule ! Pace e salute !
À cause des junkets auxquels j'assiste et de la vingtaine de films que j'ai déjà vus avant d'arriver