A la conférence de presse de Taking Woodstock, où Ang Lee s'intéresse à la colorée famille voisine du fermer qui accueillit le célèbre événement sur ses terres, Peter Howell du Toronto Star a confié à Ang Lee être trop jeune pour avoir assisté à ces trois jours de paix et de musique, mais qu'ayant pu assister à la version de 1994, il pouvait lui confirmer qu'il avait très bien réussi à rendre l'atmosphère à l'écran. Pas mal pour un homme qui habitait encore à Taiwan en 1969!
"Pour moi, l'année 69 signifie la fin de l'innocence, expliquait Lee. Ice Storm, qui se déroulait en 1973, c'était le lendemain de veille de Woodstock. J'avais fait six tragédies de suite alors j'avais envie de tourner une comédie dramatique sans cynisme. Woodstock avait une signification symbolique pour la jeune génération de l'époque. Il s'agissait pour eux de se détourner de l'establishmentcent, de vivre en paix avec la nature. C'était le "sex, drugs and rock'n roll". Evidemment, je ne le montre pas tout à fait comme c'était, soit sale et boueux."
Ang Lee ayant avoué s'être inspiré du documentaire de Michael Wadleigh, le scénariste James Schamus a alors dit: "J'espère que grâce à ce film les gens voudront voir ce documentaire qui a été une grande découverte pour nous."
A propos du peu de musique présente dans le film, le scénariste se justifie ainsi: "Des millions de personnes n'ont pas pu se rendre et même ceux qui y étaient se trouvaient loin des spectacles. Nous avons voulu être modeste et montrer la scène de loin."
Lee poursuit: "Je faisais attention à l'ordre des chansons, je n'aurais pas fait entendre une chanson ayant été jouée le premier jour le troisième jour. Ce qui était important aussi, c'était de choisir quelle chanson irait avec chaque scène."
Campant le rôle d'Elliot Tiber (auteur du livre Taking Woodstock avec Tom Monte), Demetri Martin explique ce qu'est Woodstock pour lui: "Ma première impression, c'est la musique. Venant du New Jersey, je n'étais pas très loin de Woodstock, sauf que j'ai grandi dans les années 70 et 80. Ce que j'ai trouvé intéressant, c'était d'étudier ce qu'était Woodstock alors que se deroulait la guerre du Vietnam. A cet égard, le personnage de Billy (Emile Hirsch) est très puissant parce qu'il démontre à quel point les soldats étaient jeunes."
A propos de l'hilaranre et mémorable scène des brownies au pot, Imelda Staunton, acariâtre maman d'Elliot, explique son inspiration: " Je me suis servie de mon imagination, de ma mémoire, oups! de mon imagination. Lorsque mon personnage mange ces brownies, cela lui permet d'être une autre, elle qui, contrairement aux autres, ne peut pas changer. Est-ce son vrai moi que l'on voit? Je ne pense pas, pas plus que je ne crois qu'elle le referait si elle le pouvait. Mon job était de rendre le combat de cette femme permanent durant le film, ce qui était très difficile et très effrayant parce que le "peace & love" n'existait pas dans cette famille. Je me sentais très différente de tout le reste."
Et puis, la conférence s'est terminée sur une note cocasse lorsqu'Ang Lee a confié que l'un des grands défis du film avait été de trouver des figurants ayant le look et l'attitude de l'époque: "C'était difficile de trouver des figurants maigres qui ne s'entraînent et qui ne se rasent pas les poils pubiens", a lancé Schamus, provoquant du coup les fous rires.