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Cannes 2009: Ecce homo

 

Arrivé hier soir sur la Croisette au bras d'Angelina Jolie, Brad Pitt a transformé ce matin les journalistes et photographes en animaux sauvages alors que tous se précipitaient en jouant férocement des coudes à la conférence de presse d'Inglorious Basterds de Quentin Tarantino, tout juste après la projection de cette "fantaisie casher", pour reprendre l'expression du réalisateur Eli Roth, que j'ai trouvée fort divertissante. "Vous faites honte à la profession!" nous aurait crié mon confrère du Devoir André Lavoie s'il avait été là.

Il y avait tant de monde que plusieurs d'entre nous n'ont pu entrer dans la pièce. J'ai donc suivi le conseil de mon cher confrère de La Presse Marc-André Lussier et l'ai rejoint au sous-sol afin de regarder au petit écran les propos de Tarantino, presque aussi volubile que Pedro Almodovar, et sa suite. "C'est Brad ou Quentin qui attire autant de monde?", ai-je demandé à l'ami Lussier. "Je dirais les deux; Tarantino est né ici", a-t-il répondu en faisant référence à la Palme d'Or de 1994 pour Pulp Fiction.

Y a pas à dire, l'engouement pour le cinéma américain ne se dément pas. Il y avait encore plus de monde que pour Eric Cantona. Je ne voudrais pas me retrouver coincée sur la Croisette lorsque le "Brangelina" gravira les marches…Parlant de marches, j'ai eu le temps de remonter à l'étage assez vite pour voir de plus près l'acteur, élégant dans son complet crème porté sur une chemise blanche avec écharpe gris perle autour du cou.

Trêve de pipeule, je me dépêchais aussi pour assister à la conférence de presse de l'un de mes réalisateurs préférés, Alain Resnais, pour son étrange comédie poético-absurde Les Herbes folles, laquelle marque son retour à la compétition 50 ans après le sublime Hiroshima, mon amour. Hélas, la salle ne s'est remplie qu'à moitié et malgré cela, je n'ai jamais pu poser de question au vénérable cinéaste et ce, même si j'ai levé la main une douzaine de fois… Cela dit, si j'ai goûté avec bonheur au ton décalé et aux charmants clins d'oeil au cinéma de la première partie, j'ai décroché à la seconde que j'ai trouvée quelque peu inaboutie. Les interprètes, d'un côté les fidèles André Dussolier et Sabine Azéma, de l'autre, les fidèles de Desplechin, Emmanuelle Devos, Anne Consigny et Mathieu Amalric, sont comme des poissons dans l'eau.