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Cannes 2009: Beautés désespérées

Ayant beaucoup aimé le premier long métrage de Marina de Van, Dans ma peau (j'avais été autant fascinée par le sujet que par le montage), j'étais bien décidée à voir Ne te retourne pas où Sophie Marceau incarne une romancière qui traverse une grave crise personnelle, c'est-à-dire, qu'elle devient graduellement une autre femme (Monica Bellucci). Le devoir m'appelant ailleurs, j'ai raté le film… que certains critiques ont jugé raté (ce qui a fait un peu sortir l'actrice française de ses gonds lorsqu'une journaliste le lui a rappelé), mais je me suis quand même pointée à la conférence de presse de la réalisatrice que je trouve fort intéressante.

Malheureusement, Marina de Van n'a pas eu beaucoup de temps pour s'exprimer puisque qu'une grande majorité des questions s'adressaient aux deux actrices. Les photographes, qui m'ont semblé en plus grand nombre (un peu plus et l'un d'entre eux se serait installé dans mon décolleté histoire d'avoir un meilleur point de vue sur la Bellissima!) n'ont pas arrêté de les mitrailler. L'ayant déjà interviewée pour un film qui n'est finalement jamais sorti, je peux vous jurer que l'actrice italienne vaut le coup d'oeil: c'est pas une femme, c'est une déesse! J'aurais bien voulu faire comme Julie Snyder devant Catherine Deneuve, soit porter un sac brun sur la tête ce jour-là.

"J'ai tout de suite pensé à deux actrices pour les besoins du scénario, expliquait la réalisatrice, mais pas à Monica et à Sophie. Cela ne m'inspire pas lors de l'écriture de penser à des acteurs spécifiques. L'histoire du film est celle d'une femme qui se prend pour une autre et qui retrouve son identité; il était donc très important d'avoir à l'écran deux figures différentes. Mon film ne contient pas de message, mais beaucoup de questions auxquelles je n'ai pas de réponses…"

"J'aimais la simplicité du scénario, avançait Marceau, ce que le film traite, c'est l'introspection. Il faut énormément de personnalité pour passer sur celle des autres. En tant qu'actrice, je me sens comme une éponge, je m'imbibe des autres. J'aime me perdre dans les images des autres. Dans Ne te retourne pas, je pouvais enfin devenir une autre. Mon personnage est la seule à voir tous ces signes inquiétants autour d'elle, alors que tout semble normal pour les autres. Marina me disait que mon personnage n'était pas folle, seulement désarçonnée par les changements physiques. C'est elle qui se cassait la tête pour moi."

Trouvant Sophie Marceau inspirante et touchée par l'univers qu'elle juge particulier de la réalisatrice, Monica Bellucci ne semble pas s'être fait prier pour embarquer dans cette aventure: "J'étais très curieuse de travailler avec Marina et j'avais très envie de me retrouver au coeur de ce trio. C'était un vrai plaisir de travailler avec Sophie; j'ai poussé mon côté méditerranéen, mais à la fin, on retrouve une unité, une alchimie entre elle et moi grâce à la direction de Marina. La dualité hystérie / sensualité du récit me touchait", racontait-elle.

Bien que le personnage de  Bellucci apparaisse après celui de Marceau, c'est tout de même l'actrice italienne qui a d'abord tourné ses scènes en raison des conflits d'horaire: "Je travaillais différemment avec chacune d'elles; je tentais de trouver des coïncidences dans leur gestuelle, leur façon d'être. Pour la continuité, je faisais confiance au scénario", a dit Marina de Van à propos du jeu.

L'une des rares réalisatrices à venir présenter un film à Cannes, de Van s'est exprimée quant à la parité au cinéma: "J'y suis favorable, mais pas dans le but de le monopoliser. Je ne crois pas à l'idée d'un cinéma de femmes comme d'une sous-catégorie; j'aime le cinéma des hommes et le cinéma des femmes."