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Cannes 2009: Noir, c’est noir

 

Je ne suis pas une fan de Johnnie To, mais aimant bien le cinéma asiatique et étant curieuse de voir Johnny Hallyday et Sylvie Testud parachutés dans l'univers des triades chinoises, j'avais tout de même hâte à la projection de Vengeance. Ouille! Pauvre Sylvie Testud… Quelle idée d'aller gaspiller son immense talent dans un polar si mal écrit où le peu qu'on la voit, elle est à moitié consciente sur son lit d'hôpital. Le pire, c'est qu'elle est plus expressive que Djeuhnny, que bon nombre de Français, si je me fie au rassemblement de sosies de Hallyday sur la Croisette et aux cris des badauds au pied des marches, fait toujours craquer les Français. Peut-on empêcher un coeur d'aimer?

"Johnnie et moi avons une passion commune pour Jean-Pierre Melville, le polar noir et une certaine forme de cinéma américain, mais ceci n'est pas une copie, c'est du Johnnie To. C'est toute une expérience de travailler avec lui, je suis un grand admirateur de ses films" a expliqué Hallyday devant la presse.

Le réalisateur a enchaîné: "J'aime la saveur des films de Melville; il y a peu de dialogues, des personnages, des héros romantiques. Pour chaque film, j'espère trouver de nouvelles idées afin d'attirer les spectateurs."

Interrogé sur la présence des scènes de repas dans ses films, To a révélé: "J'adore la bouffe et le cinéma. Je voulais réunir les personnages autour d'une table parce qu'on mange tous les jours et qu'à table, il y a parfois beaucoup d'émotions. Pour moi, ces scènes sont importantes pour le film."

A l'instar de son personnage, un tueur à gages français qui se retrouve à Macau afin de venger sa fille (Testud) d'un chef d'une triade, Hallyday s'est senti très perdu lorsqu'il est arrivé en Chine: "Peu de gens parlent anglais et personne ne parle français. Cela m'a servi pour Costello, qui est plutôt perdu. Petit à petit, j'ai découvert la culture et les gens; je le ferais encore si j'en avais la chance."

Loin de moi l'idée de contredire à tout prix le père du rock'n roll français, mais pour l'inspiration, on repassera… Certes, Hallyday a la gueule de l'emploi, toutefois, c'est le degré zéro côté interprétation. Il faut dire que le scénario ne l'aide pas vraiment. Dès que son personnage qu'il souffre de pertes de mémoire à cause d'une balle logée dans son cerveau, en peu de temps, il oublie le sens du mot "vengeance". "A quoi de se venger si l'on a tout oublié?", lance pompeusement un autre personnage. On rit, mais je ne suis pas sûr que c'était le but, même s'il y a quand même de rares touches d'humour dans ce polar aux très belles scènes nocturnes, dont cette poursuite sous la pluie.

Sur les "difficultés" du rôle, Hallyday a expliqué: "Je n'avais pas beaucoup de dialogues et je savais tenir un pistolet. L'approche de To m'a rappelé celle de Godard, qui m'avait donné deux pages de scénario pour Détective. J'étais le seul acteur à avoir lu le scénario, mais celui-ci a beaucoup changé durant le tournage." Voilà qui expliquerait bien des choses…

Alors que Djeuhnny n'aura pas tari d'éloges sur ses partenaires chinois – ce qui a eu pour effet de faire fuir mon camarade du Soleil Normand Provencher, épuisé d'entendre tant de flatteries -, Johnnie To es venu confirmé que tout s'était bien passer malgré la barrière linguistique: "J'ai travaillé avec des collaborateurs stables et c'était tout un défi pour eux de parler anglais; l'un d'eux a même dû être doublé. Au final, l'interaction était très intéressante avec Johnny; la chimie a pris."