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Cannes 2009: Mes prévisions

Palme d'Or
The Time that Remains d'Elia Suleiman
S'inspirant de la correspondance de ses parents, le réalisateur d'Intervention divine (prix du Jury en 2002) raconte avec finesse et humour l'histoire de sa famille et de son peuple: "Il n'y a pas d'espoir dans mon titre. La nécessité de faire un film est un acte d'espoir. On fait des films pour s'exprimer sur notre monde et peut-être le changer. On ne peut pas réparer ce qu'on a détruit".

Grand prix
Le Ruban blanc de Michael Haneke
Magnifique film en noir et blanc aux accents bergmaniens, Le Ruban blanc illustre avec une sobriété remarquable et une mise en scène précise une société irrémédiablement enfoncée dans le conservatisme peu avant la montée du fascisme: "Tout artiste doit questionner le monde mais en se défendant de prétendre avoir des réponses. De temps en temps, les questions sont utiles, les réponses, rarement."

Prix de la mise en scène
Fish Tank d'Andrea Arnold
Avec respect et discrétion, Arnold nous fait pénétrer dans l'univers un peu trash d'une famille monoparentale dysfonctionnelle. Un réalisme qui rappelle les "kitchen sink dramas" des Mike Leigh et Ken Loach.

Prix du scénario
Etreintes brisées de Pedro Almodovar
Solidement écrit, le film nous entraîne d'une époque à l'autre avec une grande aisance tout en dévoilant par petites touches les drames déchirants de ses personnages. Un mélodrame avec un "M" majuscule.

Prix du Jury
Antichrist de Lars von Trier
Je ne serais pas allée jusqu'à créer un anti-prix pour ce film, mais bien que profondément agacée par sa misogynie, je ne peux que saluer les très grandes qualités esthétiques du film – le prologue à lui seul mériterait un prix.

Prix d'interprétation masculine
Steve Evets dans Looking for Eric de Ken Loach
Acteur peu connu, Steve Evets porte le film sur ses épaules et réussit le tour de force de ne pas se faire éclipser par le King Eric Cantona.
J'avoue également un faible pour Christoph Waltz, savoureux et suave vilain dans Inglorious Basterds de Quentin Tarantino et Christian Friedel, timide instituteur dans Le Ruban blanc de Michael Haneke, qui m'a rappelé un jeune Philippe Noiret.

Prix d'interprétation féminine
Katie Jarvis
dans Fish Tank d'Andrea Arnold
Rarement aura-t-on vu une adolescente aussi véridique au grand écran, une Rosetta britannique.
Je craque aussi pour Imelda Staunton, redoutable en mère tyrannique dans Taking Woodstock d'Ang Lee.